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Episode 7 

L’empire ottoman

Au 11ème siècle, les tribus turques nomades d’Asie centrale entrent en Anatolie. Une partie de celles-ci cherchaient de nouveaux pâturages. L’autre partie, constituée de militaires religieux était à la recherche de nouveaux territoires au nom de leur religion. L’affaiblissement des mongols à l’Est et de l’empire byzantin à l’Ouest leur ouvrent un terrain favorable à ces objectifs.

Abd al-Salam, chef des Seldjoukides d’Anatolie réussit à battre les byzantins en 1071 et ouvre ainsi la porte de l’Anatolie à l’ensemble des tribus turkmènes. En 1280, l’une de ces tribus guidée par Ottoman occupe la ville de Bursa qui devient leur capitale. L’aristocratie militaire de la tribu d’Ottoman constituait l’avant-garde des vagues successives de Turkmènes menées par Mehmed II qui vont envahir l’Anatolie. En 1453 ils occupent Constantinople qui devient Istanbul.

Les ottomans sous Suleyman le Magnifique conquièrent la Syrie et l’Egypte ainsi que le Nord de l’Afrique. En ajoutant également l’Arabie Saoudite et les villes saintes à son empire, Suleyman renforce sa légitimité religieuse.

Au 16ème siècle les ottomans ont deux rivaux. A l’ouest, leur avancée est stoppée par l’empire des Habsbourg et à l’est par les Safavides alliés aux tribus turques chiites de l’est de l’Anatolie. Les ottomans réussissent d’occuper les Balkans, la Hongrie et la Pologne en 1662. C’est au pied des murs de Vienne que leur expansion est stoppée et l’encerclement de la ville échoue. A partir de cette date l’empire ottoman va décliner.

Une des raisons de l’impuissance de l’avancée ottomane à l’ouest est leur conflit perpétuel avec les Safavides. Les ottomans réussissent à plusieurs reprises d’occuper l’Arménie, la Géorgie et la Mésopotamie. Ils occupent même Tabriz, au nord de la Perse à deux reprises. Après la chute des Safavides, les guerres vont se poursuivre avec les autres dynasties qui vont gouverner la Perse. Pendant la 1ère guerre mondiale, les ottomans occuperont une fois encore Tabriz.

Le califat ottoman est dissous pendant la 1ère guerre mondiale et la Turquie moderne naît sur un territoire beaucoup plus restreint.

Le système ottoman était basé sur les militaires des tribus. Ceux-ci recevaient des territoires en échange des services qu’ils rendaient au califat. Mais par la suite, une autre force va venir équilibrer le rapport de force interne au système ottoman : les janissaires. Ceux-ci étaient le produit de la politique du pouvoir central ottoman : les garçons chrétiens de 10 et 11 ans, originaires des Balkans et de Géorgie, étaient écartés de leurs familles, castrés et instruits dans des écoles particulières où ils recevaient la meilleure éducation. Les meilleurs d’entre eux devenaient ensuite consultants du calife et géraient le pays. Ils formaient la colonne vertébrale de l’armée et de l’administration de l’empire. Les autres servaient dans l’armée et dans les harems. C’est ainsi qu’existait un rapport de forces équilibré entre les janissaires et les militaires des tribus.

Par ailleurs, avec l’occupation des villes saintes, le califat avait le soutien du clergé sunnite qui était au service du Sultan. Ce soutien était une aide précieuse dans le conflit idéologique contre les safavides et les mécréants européens.

Les ottomans vont bonifier à leur profit l’héritage administratif et bureaucratique reçu de l’empire byzantin. A partir du 18ème siècle, le pouvoir ottoman tente de renouveler sa force militaire et de développer son système économique et administratif. Dans le domaine de l’agriculture, les cultures du tabac, du coton et du maïs sont développées en Anatolie. Au 19ème, avec l’aide des puissances étrangères, l’empire met sur pied un réseau de chemin de fer.

Les rapports entre les ottomans et les kadjars, bien que conflictuels mais à cause de la faiblesse de ces derniers, n’ont jamais posé un problème sérieux du côté de l’Est.

Les kadjars avaient d’ailleurs des ambassades à Istanbul et beaucoup de commerçants perses étaient présents sur le sol anatolien. Les mouvements réformateurs ottomans ont influencé les élites perses. Plusieurs princes, commerçants et élites éduquées du mouvement constitutionnel, largement inspirés par les réformistes ottomans, publiaient d’ailleurs des revues à Istanbul.