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Chemins multiples

Dans cette rubrique je tente d’aller par tous les chemins, voies, routes, sentiers, itinéraires que je connaisse pour contacter, se mettre en rapport, rencontrer, approcher, rejoindre, atteindre, toucher, voir… notamment pour connaitre et savoir !

Les itinéraires géographiques entre deux régions ont le plus souvent été créés pour l’échange de produits et de biens, et le commerce y joue un rôle primordial. C’est le long de ces chemins que les grandes villes ont été construites et que les relations humaines se sont développées. Il était au tout début plus facile pour les hommes de se déplacer sur la terre que par les grands fleuves et les mers qui semblaient infranchissables. Cependant, en apprenant les premières techniques de navigation, la force du vent a rendu l’itinéraire plus facile et plus rapide, et les villes côtières se sont alors développées.

Moyens de télécommunication : la poste, le télégraphe, le téléphone et finalement Internet, ont joué un rôle important dans l’établissement de la communication entre les êtres humains. Dans le passé, les moyens de communication qu’il s’agisse de peaux d’animaux, de papier et d’imprimerie, ont, pour chacun d’entre eux, eu une importance considérable dans la diffusion des connaissances humaines et des réseaux divers parmi les individus de différentes sociétés.

 

Les chemins de la connaissance : L’humanité a également appris de nombreuses manières de percevoir l’être et de communiquer avec son propre monde mental : la foi, le mysticisme, la philosophie et la science ont élaboré un cheminement vers cette recherche sans fin.

 

Route de la soie, relecture d’une histoire

Les voyageurs, qui pendant des siècles ont cheminé de certaines parties de l’est de la Chine vers les ports méditerranéens, n’auraient jamais imaginé que leurs aventures créeraient des histoires pour l’Humanité. Mais voià, au milieu du XIXe siècle, un archéologue allemand a nommé cette route, « Route de la soie » et les caravanes qui la parcouraient ont façonné ce mythe. L’histoire a commencé en 135 avant JC avec une visite des émissaires de l’empereur chinois dans la vallée de Fergana en Asie centrale. Les chameaux de la région ont attiré l’attention des ambassadeurs chinois. En effet ceux-ci sont sobres et sont capables de marcher de longues distances et sont très adaptés aux déserts  du Turkestan. En peu de temps, une voie commerciale importante s’est installée entre la Chine et l’Asie centrale via le plateau iranien et jusqu’à Rome. La soie chinoise était très demandée par les riches d’Iran et de Rome, et les marchands de soie ont fait fortune. Les principaux produits transportés le long de cette route étaient la soie et les fils de soie, le chanvre, le lin et le musc, l’ambre, le camphre de Chine et les pierres précieuses, les chevaux et les chameaux d’Asie centrale, les épices, l’ivoire et le lierre d’Inde. Les esclaves, en particulier les artisans et les musiciens, étaient très demandés. Cette route servait également pour les échanges culturels et les savoirs faire. Les religions y ont circulé ; le bouddhisme d’Inde par les Parthes jusqu’en Chine,  les nestoriens ont construit leurs églises le long de la route de la soie ; les disciples de Maani y étaient également très actifs, comme le montrent les documents retrouvés en Soghdie et en Chine. L’Islam suivra cette voie jusqu’au Turkménistan, en Chine.

 

 Tout au long de la route, se trouvent de multiples villes : Kashgar, Samarkande en Asie centale. Sur le plateau iranien, Balkh Neyshabur, mille portes de Ray Zanjan, Hamedan et Tciysfon formaient des convois pour faciliter l’expédition de marchandises vers les ports orientaux de la Méditerranée.

Histoire

Le premier lien était entre les peuples est passé par l’échange de marchandises.  Au troisième millénaire avant JC, l’échange de produits entre les hommes commence à se développer. Un exemple en est l’utilisation des pierres précieuses de l’asie centrale par les artisans sumériens dans le sud de l’Irak pour fabriquer des ornements. Ils sont exposés au Louvre et au British muséum.

Les processus étaient lents et on ne peut pas dater ni le commencement, ni les étapes franchies. On sait qu’au milieu du premier millénaire avant JC, les sociétés d’Eurasie se développent en nombre et en richesse. Des penseurs comme Confucius en Chine, Bouddha en Inde, le zoroastre sur le plateau iranien et Socrate en Grèce sont de brillants représentants de ces civilisations. La cohérence de ces pensées est due notamment aux conditions créées par l’augmentation des échanges, dont la base est l’échange de marchandises et le commerce. La prospérité de cette entreprise a nécessité des routes sûres et une organisation humaine pour assurer la sécurité d’un itinéraire de 9 000 kilomètres comprenant des déserts secs et des hautes montagnes !

Les systèmes sociaux organisés autour de cette route étaient influencés par cette route : c’était l’épine dorsale du système et la principale artère de la richesse dans cette partie du monde. Bien qu’il n’ait pas été possible de former un Etat qui assurerait la sécurité de toute l’Asie, des petites cité-d’Etats sumériennes ou grecques n’étaient pas  capables d’assurer cette sécurité. Mais il existait des empires relativement grands en Chine, en Asie centrale, tels que les Kushans et les Heptaliens, et sur le plateau iranien, les empires perses et à l’ouest ceux des romains et byzantin. La principale cause des alliances et des guerres entre ces empires pendant des siècles a tourné autour de l’administration de ces routes commerciales. Ailleurs, nous examinerons les relations est-ouest eurasiennes sous cet angle

La nouvelle route de la soie : renouveau d’un mythe.

Depuis 2013, le gouvernement chinois a lancé un nouveau projet appelé la « nouvelle route de la soie » à des fins géostratégiques et économiques. Les porte-paroles du Parti communiste et du gouvernement ont dévoilé leur projet, citant la centralité de cette route dans le monde antique et l’importance de la dominer. Depuis le début de la route à Chi Yan dans l’est de la Chine, et après avoir traversé les régions de l’ouest, elle atteint l’Asie centrale et la route continue vers l’Iran, l’Irak et la Turquie pour arriver à Moscou. Elle se rend ensuite à Rotterdam, aux Pays-Bas pour arriver à sa destination, Venise. La route maritime débute également de Venise et continue à travers la mer Rouge   contourne la Corne de l’Afrique et traverse les ports de l’océan Indien pour arriver en Chine. Cette voie maritime prend entre 20 et 40 jours de trajet, alors que le trajet en train prend 16 jours et 11 jours sont nécessaires par la route. Les concepteurs chinois de ce projet souhaitent la coopération de la Russie et de l’Union européenne.

 La Chine a déjà mis en œuvre des projets de construction de pipe lines  pour fournir de l’énergie de la région, notamment la construction d’un gazoduc du Turkménistan et de l’Ouzbékistan vers la Chine et la construction d’un port au Pakistan, et non pas en Iran!

En plus de ses objectifs géostratégiques et économiques, le projet est également un moyen de développer la province turque à majorité musulmane de l’ouest de la chine.

 Cet immense projet du Parti communiste et du gouvernement chinois est idéologiquement présenté sous une forme mythologique. La route de la soie et son développement ont été le résultat de l’acte inconscient de l’homme ancien qui au fil du temps a créé des récits des voyageurs qui ont donné à la route une dimension mythologique (l’UNESCO l’a classée site du patrimoine mondial). Alors que le gouvernement chinois, tout conscient, rédigeait son plan avec le regard minutieux du marchand soucieux de renforcer sa position dans le monde.

Ceci est également un exemple des mythes mis à jour au troisième millénaire de notre ère.

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– Histoire sassanide Saeed Nafisi

– Tadjiks dans le miroir d e l’Histoire, troisième volume d’Eromali Rakhmonov

– La grande encyclopédie islamique : le dix-septième volume de la p. 250 à la p. 255

-Vers une nouvelle route de la soie Le dessous des cartes [ Arte ]

https://www.youtube.com/watch?v=4Hz1pgCpZIQ

-Passé-Présent n ° 233: sur la route de la soie

https://www.youtube.com/watch?v=j00QO0zguGY

–  Monté en soie; Les commerçants sogdiens et autres le long des routes de la soie avec Judith Lerner

https://www.youtube.com/results?search_query=silk+road+

Judith Lerner de l’Institut d’étude du monde antique de l’Université de New York discute des commerçants sogdiens et d’autres le long des routes de la soie