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L’Empire ottoman au 19 -ème siècles

Pendant plus de cinq siècles, l’Empire ottoman a régné sur de riches terres de trois continents : l’Asie, l’Europe et l’Afrique. À l’apogée de sa puissance, l’empire s’étendait de Mossoul à l’est jusqu’à l’Algérie en Afrique de l’Ouest, du Yémen au sud de l’Arabie saoudite à la Pologne. La richesse des terres conquises par les Ghazis néo croyants a fait de l’Empire ottoman et de sa capitale Constantinople la puissance dominante du monde à la fin du Moyen Âge. La montée des Ottomans a bouleversé l’équilibre des forces en Europe et en Asie : en Europe, le centre de gravité s’est déplacé d’est en ouest, et l’Atlantique a lentement remplacé la Méditerranée. A la frontière de l’Europe et de l’Asie, la principauté  « rus de Moscou »  s’étend vers l’Asie. Dans l’est de l’Anatolie, les tribus turkmènes (Aq Qoyunlu et Qara Qoyanlu) se sont soulevées contre les Ottomans, et les tribus turkmènes du nord de l’Iran se sont rassemblées sous la bannière du chiisme safavide. Ainsi, la sphère politique d’Eurasie est entrée dans une nouvelle ère.


L’empire safavides 

Empire safavide

 

La montée des Safavides au pouvoir marque le début d’une nouvelle ère dans l’histoire iranienne. Un tel événement historique peut être examiné dans le contexte des conflits régionaux. Malheureusement, dans nos manuels, nous n’avons jamais accordé l’attention voulue non seulement à la situation internationale, mais aussi à l’histoire de nos voisins. Pour comprendre les événements de la période safavide et ses suites, les événements de notre histoire contemporaine, la familiarité avec l’histoire de l’Empire ottoman est une condition nécessaire. Bien que les conflits et la guerre aient été un facteur constant dans la politique étrangère entre les deux États, l’imitation par les rois safavides du système de gouvernance  ottoman est évidente dans de nombreuses politiques intérieures générales. Pour cette raison, dans quelques articles, nous ferons brièvement référence à l’histoire ottomane.

Depuis l’arrivée des peuples turcs en Anatolie au Xe siècle, leur avancée vers l’ouest s’est poursuivie régulièrement. Seules les invasions mongoles et timourides ont causé de longues interruptions dans cette avancée. L’invasion mongole a renversé le califat abbasside, renversé les Khârezm Shahs, réduit le pouvoir des Seldjoukides romains et renforcé les petites tribus turkmènes, y compris l’Empire ottoman, qui occupait la capitale romaine seldjoukide Bursa près de la mer de Marmara et est devenu  voisin de l’empire Byzantin.   Mais lorsque Tamerlan a conquis l’Anatolie, seule une partie de l’Empire ottoman dans l’ouest de l’Anatolie est restée indépendante. Car Tamerlan  , contrairement à sa première  invasion ,s’est attaqué directement aux territoires des ottomans. Tamerlan a vaincu le sultan conquérant d’Europe près d’Ankara, humiliant celui-ci (le sultan Bayazid) et s’attribuant son harem. La peur de Tamerlan a conduit de nombreuses tribus turques anatoliennes à migrer vers les territoires d’Europe occupés par les Ottomans ( Roumanie et les Balkans ). L’Etat Byzantin, qui lui-même craignait Tamerlan , accepta cette migration afin d’établir un État tampon pour sa protection. Ainsi, le grand nombre de Turcs installés en Europe a ouvert la voie à l’abolition de l’Empire byzantin et a rendu possible l’expansion du futur empire en Europe.

Mais ce qui a affaibli puis vaincu l’Empire byzantin, ce n’est pas la puissance des Turkmènes d’Anatolie, mais les coups portés à l’ancien corps byzantin par d’autres puissances européennes chrétiennes : dès le début des croisades, le grand nombre de djihadistes chrétiens a semé la peur parmi les empereurs romains. Après la conquête de Jérusalem en 1099 après JC, les chevaliers francs et latins prirent possession des terres dans les territoires repris aux Turcs et succédèrent pratiquement au pouvoir de l’empereur dans ces régions. Lors de la quatrième Croisade, à l’instigation des Vénitiens, les djihadistes chrétiens pillèrent la capitale chrétienne en 1224 !!!- et écartent même pour une courte durée l’empereur du pouvoir. Les faux amis de l’empereur byzantin étaient nombreux en Europe : dès la séparation de l’Église grecque byzantine de l’Église latine, le pape et ses évêques d’Europe occidentale affaiblirent au maximum leurs rivaux religieux et rendirent même leur aide conditionnelle sur leur conversion au catholicisme. En fait, les croisades ont accru le pouvoir du pape cotre l’Église orthodoxe.

 


Empire ottoman : Continuation de l’Empire byzantin (Rome orientale)

le mur de Constantinople fondé le au 6ème sc ,protégeant la ville jusqu’au époque des ottomans
saint Sofia , symbole du capitale de l’empire oriental de Rom


Les Turkmènes Ghazis, en tant que djihadistes musulmans, ont occupé la terre d’Anatolie et de là sont entrés en Europe. La conquête de la terre des infidèles et la propagation de l’islam ont été le premier appui de leur légitimité aux yeux des musulmanes. La victoire sur l’Empire byzantin et l’accession à la capitale chrétienne, le rêve vieux de huit cents ans de tous les califes et émirs musulmans, a été réalisée par les Ottomans. En conséquence, ils se sont appelés le « peuple élu ». Mohammad Fateh a affirmé qu’il avait trouvé le sanctuaire de “Ayoub”, l’un des compagnons du Prophète de l’Islam dans la capitale ,mort pendant le siège de la capitale byzantine.  Le sultan Muhammad a construit une grande mosquée en son honneur qui reste l’un des sanctuaires musulmans les plus importants de Turquie. Lors de la reconstruction de la ville, de nouveaux quartiers ont été construits autour de la mosquée, et avec la référence du sultan, les ministres et anciens ottomans ont payé pour la construction de mosquées, d’écoles et de bains publics dans la ville, gagnant ainsi la faveur du sultan renforçant leur statut social parmi le peuple musulman.

les ottomanes ont envahit l’Affrique du nord
le troupe de sultan conduit certains région de l’Europe

Les Ottomans se considéraient comme les sauveurs et leur Etat islamique comme le plus digne de leur temps et considéraient la souveraineté sur la oumma musulmane comme leur droit naturel. Par conséquent, la domination mamelouke en Méditerranée orientale et en Égypte était considérée comme injuste, et par leur propagande, ils les  appelèrent « les enfants des esclaves et infidèles ». Lorsque les Mamelouks ont été affaiblis, les Ottomans les vainquirent et ajoutèrent Shamat (Syrie) et Jérusalem à l’Empire ottoman. Plus important encore, ils prirent le contrôle de La Mecque, de la Qibla musulmane et de Médine, le deuxième site le plus sacré de l’Islam. La sécurité des pèlerins et l’administration des rites du Hajj garantissaient seules la légitimité de l’orientation des musulmans, et à partir de cet événement  les sultans ottomans se considérèrent comme les califes de droit des musulmans, innovation sans précédent : jusqu’alors le calife de les musulmans devait être un Arabe de la famille Qurayshite.  Les dirigeants musulmans non arabes à l’époque du califat abbasside s’appelaient eux-mêmes « Shah »- dans le cas des dirigeants iraniens, ou « Sultan » – dans le cas des dirigeants turcs. Avec le renversement des Abbassides par Hulagu Khan, le califat est aboli et les survivants se réfugièrent chez les Mamelouks en Égypte. Le sultan Selim II (surnommé le Terrible) amena l’un des restes des califes abbassides dans la capitale lors de la conquête du Caire et lui fit allégeance qu’il céderait le califat de la dynastie abbasside aux sultans ottomans. A partir de cette date, les sultans ottomans portèrent également le titre de calife chaque fois que cela s’avérera opportun.

Organisation gouvernementale ottomane

 

L’Empire ottoman à différentes époques Au XVIIe siècle, il régnait sur des territoires de trois continents.

L’appareil d’État était basé sur un centralisme extrême et une tyrannie individuelle et s’appuyait au début sur l’aristocratie militaire turkmène (l’armée). Dans le domaine religieux, le sultan, en tant qu’émir des croyants, avait un contrôle effectif sur les États, les fonctionnaires et les sujets dans la gouvernance du pays. Pour restreindre le pouvoir des aristocrates ottomans, la méritocratie remplaça l’héritage du statut social. Par ailleurs, l’aristocratie était complètement endettée et dépendante du sultan. Leurs richesses allèrent au trésor public à leur mort, et ainsi l’accumulation des richesses familiales empêchée. Conformément à cette politique, la plupart des conseillers et des ministres étaient d’origine non turque et non musulmane.

Le sultan ottoman était avant tout l’émir d’Askar Ghazian et cherchait à conquérir des pays. Dans ce système, le chemin le plus court pour progresser dans la hiérarchie sociale était de servir dans l’armée, ce qui rapprochait les personnes qualifiées et talentueuses du centre du pouvoir.

Askar “janissaire ” , un corps professionnel

La première armée ottomane était basée sur celle de modèle  des Mongols , la cavalerie étant son élément le plus important. Mais les sultans ottomans ont reconstruit et équipé la nouvelle armée, “janissaire ” dès le début  de leur prise de pouvoir. Le nouveau corps  janissaire  était une armée professionnelle qui débuta sous le règne du deuxième sultan ottoman et se poursuivit sous le règne de Muhammad al-Fatih avec le plan « Kapi Kolo * ». Cela signifiait employer les esclaves dans l’appareil administratif et le corps d’armée, ce qui a conduit à la restructuration du corps .Ce changement signifiait une réduction du rôle du corps tribal sous le commandement des princes locaux. Les forces nomades et locales n’étaient plus l’épine dorsale de l’armée ottomane qui étant la première armée européenne professionnelle, structurellement et matériellement incomparable à toutes les armées des XVe et XVIe siècles.

sultan Mohammad Conquérant
Les marines ottomans ont joué un rôle important pendant la guerre de Constantinople

Avant Muhammad le Conquérant, la marine ottomane était très faible. Mais l’immense richesse conquise par la guerre permit à Muhammad le Conquérant de réorganiser la flotte ottomane avec l’aide technique des marins génois, ce qui conduisit à sa victoire dans la prise de la capitale. Ses successeurs continuèrent à investir dans ce domaine, et après un siècle, la marine ottomane devint la puissance dominante en Méditerranée et put battre son riche rival, Venise, qui était le leader de l’industrie de la construction navale, et possédait de nombreuses îles.

Bureaucratie

 

Le Pacha ,le colon dorsal de l’Epire

Le premier “canon” fut rédigé sous le règne du sultan Muhammad le Conquérant en 1457, qui définissait l’organisation impériale comme suit : le sultan nommait le grand ministre à la tête du gouvernement, accompagné de quatre ministres, le grand secrétaire, le ministre de l’intérieur et le ministre des affaires étrangères. Le tribunal se réunissait quatre fois par semaine, en plus des ministres, des chefs du pouvoir régional   (Paca) et de deux juges de l’armée et du ministre de la justice.  Les régions étaient gouvernées par les Beys et les Pachas, qui étaient chargés de juger, de commander, d’approvisionner l’armée, de percevoir les impôts  et des transférer au centre.

Les divisions nationales et administratives étaient divisées selon les divisions militaires. Le Grand Ministre était à la tête de la bureaucratie, qui était nommée par le Sultan. Sur les 47 principaux ministres entre 1453 et 1623, seuls cinq étaient d’origine turque. Les critères de sélection des ministres et des agents administratifs étaient la pleine obéissance au sultan et la compétence professionnelle. Les États, selon leur importance, étaient gouvernés par un officier de l’armée ou un pacha (gouverneur).

Juridiquement, le sultan était propriétaire du pays et seule la maison, le lieu de travail (atelier ou les fermes, etc.) étaient considérés comme la propriété privée du peuple. Selon les circonstances, le sultan cédait certaines terres à des chefs militaires ou à des fonctionnaires de la cour en échange d’un devoir ou d’un service à vie. Bien que ce type de transfert ait empêché la formation de pouvoirs locaux, il a conduit à une exploitation sévère des ressources et du travail. Les propriétaires terriens n’avaient d’autre intérêt que de tirer des bénéfices de plus en plus rapides de leur propriété, et ne pensaient pas à améliorer la production. Dans une économie basée sur la guerre et le pillage, le travail productif et le commerce sont considérés par la classe belligérante comme des affaires des pauvres.

Mais le transfert au pouvoir régional n’était pas la seule forme de gouvernance l’empire ; dans des régions comme le Kurdistan et les terres arabes (Irak, Égypte, Palestine), des pouvoirs autonomes étaient en place, payant des impôts et servant le sultan pendant la guerre. Les terres protégées européennes (Russie, Moldavie, Bulgarie…) étaient les collecteurs d’impôts du sultan. L’Empire ottoman était très flexible dans la forme de la règle et de l’acceptation des cultures et des langues des différents groupes ethniques.

Contrairement à l’Empire byzantin, qui avait une bureaucratie vaste et complexe régie par les lois de Justinien (dite équivalente à la bureaucratie soviétique), le système judiciaire ottoman n’était étendu et était confié à des agents de confiance. En cas de détournement de fonds ou de mécontentement du sultan, ils étaient renvoyés et même tués, et cela n’entraînait aucun coût pour l’État central.

note de bas de page


Les Janissaires  sont l’épine dorsale de l’Empire ottoman

Selon les récits d’Orhan Ghazi, lors d’une rencontre avec Haji Bektachi (chef d’une secte de soufi), il lui demanda de prier pour la victoire de l’armée. Les janissaires, surnommés les “Agha”, membres de la secte Bektâchî et figure éminente de l’empire, devinrent peu à peu l’épine dorsale de l’armée impériale et remplacèrent l’ancienne cavalerie de l’armée ottomane. Ils démontrèrent la valeur de leur armée dans diverses guerres, notamment lors de la guerre de Nicopolis en 1396 contre les croisés hongrois. Ils assumèrent rapidement le rôle de “garde royale”, une tâche qui accrut leur rôle politique, en particulier lors de la nomination d’un successeur au sultan. Au fil du temps, la position des janissaires a changé, ce dont nous parlerons dans la deuxième partie de cet article.

Références:

atlas

atlas

Les premiers musulmans d’Europe

https://www.universalis.fr/encyclopedie/empire-ottoman-

https://www.larousse.fr/encyclopedie/autre-region/Empire_ottoman/136521-

https://www.lesclesdumoyenorient.com/Empire-ottoman-578.html-

https://www.lhistoire.fr/carte/lempire-ottoman-domine-lafrique-du-nord-xvie-xviiie-si%C3%A8cle-

Herodot’com – La Prise de Constantinople (1453) – ft Jordi Savall, Hesperion XXI & Alia Vox-

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[HGGSP 1ere] Essor et déclin de l’Empire ottoman