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Je m’étais promis d’éclairer mes points de vue sur mon « voyage de vie ». Dans ce court texte je tente de me positionner par rapport à deux points essentiels : « la Nature » » et « la Société ».

La Nature d’abord: j’aime la nature. Même si je sais qu’elle est aveugle et impitoyable. Du  point de vue d’un être négligeable que je suis, je n’ai pas eu le choix de l’origine de mon « existence »: ni la famille, ni le lieu de naissance, ni l’époque où j’ai vécu n’étaient de mon choix. Aucune des caractéristiques naturelles de mon être n’est due à ma volonté et à mon désir: santé, beauté et non-beauté, mon intelligence et mes capacités….mais j’adore la nature, même si je sais que je suis condamné à mort depuis ma naissance. De ce point de vue, je n’ai eu aucun rôle sur mon existence.
J’aime la nature parce que nous lui sommes redevables, mais je sais aussi que cette nature n’a pas d’affinité particulière avec moi. Dans son travail, il n’y a aucune détermination ou volonté de me préserver ni  moi et ni  mon espèce, l’Homme. Notre relation avec la nature d’un point de vue ontologique n’est pas différente de  celle de la relation avec des espèces animales qui ont disparu. La race humaine peut également périr.

Je suis né de la nature, mais elle n’est pas une mère de compassion pour moi. Nous avons tous quelque chose en commun à « être » dans ce monde, mais ce caractère universel  n’a pas créé un «droit» pour nous face aux autres composants de l’univers. Si nous considérons ce « droit  »  ontologiquement  naturel,  pour quelle  raison nous ne donnons pas un tel droit aux autres animaux  et même aux plantes ? Dans ce cas, pourquoi sacrifions-nous leur vie pour notre propre survie?
Donc il y a une autre loi  dans la nature, selon laquelle notre existence est liée à celle des autres animaux et des plantes. Si nous les protégeons, en fait, nous maintiendrons nos conditions de survie, et  c’est dans ce cadre que notre respect pour eux aura du sens. Il vaut donc mieux appeler un chat, un chat. Ce « droit naturel » ou » loi naturelle « est le résultat d’un raisonnement humain pour  mieux organiser la vie humaine. Ne sacralisons pas la nature et ne se prétendons pas d’être amoureux de la nature.
Mais ne pas sacraliser ne veut pas dire lui être hostile: l’inimitié avec un phénomène dont nos conditions de vie et notre  survie dépendent, n’a pas de sens. La nature nous a donné la vie et cette vie, bien que courte, est injuste et dure, mais elle peut être agréable et belle. A condition que je sache où est ma place dans cet univers  et que j’établisse une relation harmonieuse avec lui. Que  je ne cherche pas à le dominer, ce qui est un projet fou. A condition d’essayer d’augmenter ma capacité biologique sans la détruire. Si je dois prendre la vie d’un animal et consommer une plante, au moins respecter sa courte vie et ne pas lui faire de mal. En acceptant le cycle de la création, de la vie et de la mort, j’ai une coexistence constructive avec d’autres êtres. Je ne leur imposerai pas mon style de vie, et j’observerai la condition d ‘ »équité » en les apprivoisant et en les utilisant et en les « exploitant ».

Moi et la Société:

Avec la formation et le développement de la société humaine, répondre aux besoins naturels de la biocompatibilité a pris une couleur sociale.  La complexité des relations de la production dans la société engendre un tel  grand changement dans la notre relation avec la nature  que souvent c’est  très difficile de reconnaître la caractère « naturel « de ces phénomènes. *
De ce point de vue, ma relation avec la société est un reflet  de ma relation socialisée avec la nature. Avec de nouvelles lunettes et avec ce filtre, mes yeux voient ce monde  d’une nouvelle manière. Si nous ne sommes pas conscients de l’existence de ces lunettes, nous étendrons notre vision spéciale aux autres, à l’humanité, et parfois à l’ensemble de la nature, et nous souffrirons d’égocentrisme. *
Comme au moment de ma naissance  je n’avais pas le choix de mon environnement naturel, de la même façon,  je suis  une créature de la culture, des  traditions,  de la famille et du  statut de classe  qui ont façonnaient mon existence sociale. Par conséquent, chacun de nous est un « héritier unique » de notre Histoire. Nous sommes le produit de toute l’histoire de la société et nous n’y échappons pas. Notre champ de liberté se limite aux conditions de notre vie sociale. Si on veut profiter de cette liberté, cela nécessite de connaitre nos limites et d’accepter la responsabilité des résultats de nos actes.
De ce point de vue, les inégalités sociales résultent d’une série de causes «sociales ontologiques» et reposent sur les mêmes inégalités naturelles et sociales. Dans une nature où la « loi des forts » et  » la survie du plus apte »  règnent, ces lois aveugles prennent pour l’homme socialisé diverses formes sociales : la richesse et le statut social.

Jusqu’à l’ère moderne, cette inégalité était considérée comme un résultat  du système universel et transhumain, et la culture dominante la voyait   comme un devoir moral individuel et social. Dans les temps modernes, les penseurs sociaux parlent  du « droit naturel » par lequel les êtres humains naissent égaux et ont le même droit de vivre. Il a été souligné auparavant que nous partageons avec tous les phénomènes de l’univers une « existence » commune, mais ce « droit » n’est reconnu ni par la nature ni par ses composantes, et peut être aboli à tout moment. Hobbes, John Locke et Rousseau ont été les premiers penseurs à proposer un nouveau système de pensée pour analyser la société humaine, chacun avançant ses raisonnements pour expliquer ce phénomène, mais tous s’accordant sur  » le droit naturel ». John Locke est allé plus loin et a ajouté » le droit de fonder une famille et le droit de propriété ».
Comme l’ont dit les anciens, le droit et la loi ont été fixés par les faibles afin de se protéger, quoique de manière limitée, des excès de pouvoir de groupes dominants. En d’autres termes, le droit et les lois  naissent de la lutte et de la pensée humaines, et s’ils sont attribués à la nature, leur raison devrait être considérée dans la motivation de ses prédicateurs à légitimer leur raisonnement. «La loi et le droit » découlent de l’équilibre des pouvoirs dans la société, qui détermine dans une certaine mesure les intérêts des classes les moins puissantes dans le contexte général des intérêts des puissants. La base de ces lois est expliquée par « l’esprit des lois » de Montesquieu. Auparavant, même Hobbes et Locke considéraient la racine des « droits » en dehors de la société. Mais il attribuait les racines de la loi à des facteurs qui étaient tous internes à la société. Et cela était une rupture radicale avec l’ancien temps*.
On peut donc dire que d’une part, les lois coercitives naturelles ont pris une couleur sociétale, et les êtres humains, limités aux conditions naturelles, ont subi  aussi des restrictions sociales : le progrès  de la division du travail a, à la fois augmenté les capacités humaines et accru les inégalités entre les groupes sociaux. Les « lois »  réglementaient la vie sociale. La sécurité de la société face aux menaces externes et aux troubles internes est assurée par ces lois. Ces lois définissaient  les relations des groupes sociaux, et selon le rapport de forces entre les groupes et les classes sociales, un ordre se forme et conduit à l’émergence de l’État. Les racines terrestres étant la source de la loi alors que les droits féodaux et le système précapitaliste, étaient définis sur la base de facteurs extérieurs à la société, cette nouvelle approche sur les racines des droits  a ébranlé les fondements de la pensée féodale. Cette fois, la classe dirigeante ne pouvait plus  garantir sa légitimité comme venant de « l’extérieur » de la société. Avec l’avènement de l’humanisme, l’homme est devenu le centre de l’univers. Avec l’acquisition des connaissances, les êtres humains se sont retrouvés dans une nouvelle position capable de changer les conditions naturelles et sociales à leur guise. Le « Libérer les êtres humains des chaînes des illusions de l’ancien monde » était confronté à un monde qui devait être redéfini. Mais utiliser la liberté acquise n’était pas une tâche facile. Si à l’époque ancienne  la voie de la vie  était tracée par les traditions ancestrales, à l’époque de la« liberté », le mode de vie individuel et social devait être reconstruit. Mais comment? … Les esclaves affranchis des  temps modernes, ont pris des directions différentes pour construire leur utopie. Leur histoire est l’Histoire de nos siècles contemporains, pleine de hauts et de bas, de malheurs et de bonne fortune. Mais dans toutes ces « voies » et « détours », la vie continuait de donner un cadre pour que  l’amour puisse se réalisait et que nous les êtres humains puissent continuer  la « voie » sous  son ombre!
Compagnons, les questions soulevées dans le texte ci-dessus sont mes principales  préoccupations. Si vous me faites savoir ce que vous pensez de ces sujets, vous m’aideraient beaucoup. Je vous remercie.

La première vidéo est en français et la seconde en anglais pour connaître ou rappeler brièvement  les pensées  de Hobbes, John Locke et Rousseau. Des dizaines d’autres vidéos de différents niveaux y sont disponibles.

La nature de l’homme selon Rousseau et Hobbes – Jocelyn Maclure, Xavier Brouillette (2017)

ÉPINES POLITIQUES -Thomas Hobbes