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 photo: Routes commerciales asiatiques

De la mer de Chine à l’Atlantique, les sphères de la civilisation, malgré des guerres et des conflits constants, ont toujours été reliées  par des routes continentales  sur lesquelles  non seulement les biens commerciaux mais aussi la pensée et la religion, la culture, l’art et la technologie circulaient.

La sphère de civilisation de la Chine et de l’Inde

Une grande partie de la Chine était dirigée par les Mongols du nord  dans la première moitié du Xe siècle, avec Pékin comme capitale, mais dans la seconde moitié de ce siècle, la dynastie Song a réussi à marginaliser les Mongols, à réunir la Chine et à développer le commerce. La sécurité routière en Asie centrale était très importante pour l’économie chinoise, c’est pourquoi la Chine est présente depuis longtemps sur cette terre et était considérée directement ou par ses alliés comme l’un des principaux acteurs de la région. L’influence culturelle et politique de la Chine était également évidente dans le nord de l’Inde. Ces deux sphères culturelles étaient très différentes en termes de religion de la sphère de civilisation en Asie occidentale, leurs religions ressemblaient davantage à une philosophie de vie sans préjugés et ayant un caractère pacifique avec les autres religions. Mais ces deux sphères culturelles étaient en contact avec un nouveau rival  de coté de l’ouest, qui se tournait vers leurs terres pour promouvoir l’islam. L’armée chinoise a été vaincue par les Arabes musulmans en Asie centrale à la bataille de Thalas, mais a pu les empêcher d’avancer. Les musulmans  ont conquis Kaboul en 786 après JC et leur armée sous le commandement de Muhammad Ibn Qasim a traversé le fleuve Indus et est entré en Inde, mais n’a pas pu établir un Etat. L’islam a été promu en Inde par les Ghaznavides et en Chine par des marchands non arabes dans les périodes ultérieures.

« Le djihad pour la religion était pratiquement terminé dans la première étape importante. L’inflammation et le désir ardent des premiers conquérants s’étaient depuis longtemps calmés, et leur soif de butin et de martyre avait été étanchée »  citation de   » Les premiers musulmans d’Europe » Bernard  LUISSE.

Les califats

 

             Si les Arabes musulmans s’arrêtèrent en Asie centrale, leur avancée vers l’Ouest s’est poursuivie avec succès. Peu de temps après la montée de l’Islam, les terres qui étaient le territoire de l’Empire romain ont été conquises par les combattants jihadisâtes musulmans . Pendant le règne du deuxième calife, les Arabes ont conquis les terres de Perse, de Syrie, d’Irak et d’Égypte. Sous le règne d’Othman, le quatrième calife du Levant, il fut confié à Muawiya, le fils d’Abu Sufyan. Muawiya a fondé le premier empire musulman sur le modèle des empereurs de Byzance et des Sassanides. Les Omeyyades étaient  une des grandes familles des aristocrates arabes et les  responsables  religieux de la Mecque avant l’Islam. Le commerce avec le Levant était la source de revenus la plus importante pour la famille Omeyyade. Accédant au pouvoir ils poursuivirent leur politique générale basée sur  la supériorité des Arabes sur les non-Arabes. Les Iraniens ont été les premières victimes de ce racisme. Par exemple, le général arabe Hajjaj Ibn Yusuf a même prélevé un impôt égal à celui des infidèles sur les Iraniens convertis à l’islam. Pour cette raison, le plateau iranien est devenu un centre de mécontentement contre les Omeyyades. Bientôt, les Kharijites, qui étaient depuis longtemps en conflit avec les califes, se sont rendus en Iran et ont rejoint les Iraniens rebelles et ont affaibli le pouvoir des Omeyyades.

Les Abbassides

La dynastie Banu Abbas, en concurrence avec les Omeyyades, s’est tournée vers l’Iran et, avec l’aide d’Abu Mouslim Khorāsāni, a évincé les Omeyyades et les a remplacés. En changeant le capitale de Damas à Bagdad ils se rapprochèrent de leur   base sociale sur le plateau iranien. Cependant, les califes abbassides ont rapidement renversé Abu Mouslim et ont fait face à une nouvelle vague de mouvements iraniens. Mais les Abbassides avaient aussi d’autres ennemis, l’un des survivants des Omeyyades, Abdul Rahman, qui avait survécu au massacre des Omeyyades , s’était en Espagne et se déclara calife des musulmans. La ville de Cordoue  fut la capitale des Omeyyades pendant trois siècles (jusqu’en 1031 / 410 AH). Bien que Cordoue soit loin de Bagdad, l’existence de deux califats était une défaite politique majeure pour les Abbassides, qui se considéraient comme les seuls héritiers du Prophète. Mais bientôt un nouveau prétendant au califat, cette fois en Egypte,  apparut : Mahdi. Ce nouveau calife, était déjà l’imam des chiites ismaélites . Le monde islamique ainsi avait trois califes rivaux, et face à lui, il y avait le monde chrétien, qui n’était pas moins chaotique.

Chronologie:

632/11 – Mort du Prophète de l’Islam

Terres conquises au cours des deux premiers siècles de l’hégire

636/15-Chute de Damas

640/19les musulmans  occupent  l’Egypte

642/21 Guerre de Nahavand et début de l’occupation du plateau iranien.

Cent ans après la mort du Prophète, les califes arabes régnaient sur un empire qui comprenait la moitié des « vieux terres » et une population de 30 millions d’habitants.

750/129 Les Abbassides renversent les Omeyyades et s’emparent du califat.

756/135 Amir  Umayyade établit le calife  l’émirat indépendant de Cordoba  en Espagne.

Europe chrétienne :

            « Dans les premières années du VIIe siècle après JC, lorsque le Prophète de l’Islam commença sa mission en Arabie Saoudite, le monde entier autour de la Méditerranée faisait encore partie du monde chrétien. Dans le monde gréco romain, seuls le judaïsme et le manichéisme ont survécu face au christianisme »*.  Cependant, les chrétiens étaient divisés : les Byzantins, les Francs, les Allemands et les Normands étaient impliqués dans une série d’alliances changeantes et d’alliances et d’anti-alliances.

*  « les premiers musulmans en Europe, page 27  Bernard Louis   »

 

Byzance

 

Les historiens ont divisé l’histoire byzantine en plusieurs périodes : Le IVe au VIIe siècle fut la période de la reconstruction de l’Empire romain dans la partie orientale. L’invasion arabe a arrêté la croissance de l’Empire byzantin pendant un certain temps, mais à la fin du neuvième siècle, Byzance a été relancé. L’empereur romain d’Orient se considérait comme le souverain et le défenseur des terres chrétiennes et considérait qu’il était de son devoir de répandre le christianisme dans d’autres pays. La christianisation de l’Europe centrale, de l’Europe de l’Est et de la Russie a eu lieu avec le soutien direct de la capitale impériale, Constantinople. De plus, cette situation  privilégiée  économique et politique ainsi que sa position centrale  était sans précédent dans le monde chrétien. En revanche, Rome se transforma en  une petite ville pendant des siècles. Et bien que le pape était traditionnellement l’évêque le plus important de l’église, il n’avait pas officiellement de poste de guide spirituel du monde chrétien. La rivalité croissante entre les deux pôles religieux du christianisme, se sont renforcées au XIe siècle, lorsque les séparations orthodoxes et catholiques ont eu lieu.

L’importance de la position stratégique de Byzance s’est renforcée, surtout après la montée de l’Islam, et elle est devenue de plus en plus religieuse. Bien que les combattants musulmans  ont conquis  la Méditerranée orientale, ils n’ont jamais réussi à traverser le Bosphore. Tandis que  en Europe occidentale, les armées de l’ islam ont facilement traversé le détroit d’Hercule (plus tard Gibraltar) et ont facilement conquis le territoire espagnol pour avancer dans le sud de la France. Pendant un certain temps, la ville de Narbonne, dans le sud de la France, fût leur capitale provinciale.

Il a fallu plus de deux siècles aux pouvoirs locaux du nord de l’Espagne pour se réapproprier leurs terres détenues par les Arabes. Ce n’est qu’au IXe siècle que Charlemagne, le souverain franc, traversa les Pyrénées et tenta vainement de reprendre les « terres chrétiennes ».

Les Francs

Charles Martel en  732 après JC. Il a vaincu l’armée arabe musulmane dans une bataille mineure dans l’ouest de la France près de la ville de Poitiers. Il fut plus tard présenté comme le défenseur héroïque du christianisme, et dans la même veine son petit-fils Charlemagne fonda une nouvelle dynastie qui par la suite donna naissance  au « Royaume de France » d’une part et au « Saint Empire romain germanique » d’autre part. Charlemagne, qui avait conquis une grande partie de l’Europe centrale et méridionale, monta sur le trône en 800 et consacra son empire au nom du Christ. Pour affirmer sa légitimité, il prétendra que Byzance lui avait également confié l’Europe occidentale comme « les  terres chrétiennes » (à la Renaissance, les savants montreront qu’ il s’agissait d’une fausse lettre). Cependant, les derniers rois de France et l’empereur allemand se considéraient comme les dirigeants des terres chrétiennes et, dans cette position, ils considéraient l’église comme une institution subordonnée qui devait travailler avec les dirigeants pour préserver la religion du Christ. Bien sûr, l’église réclama un plus grand rôle pour elle-même, et de temps en temps des tensions montèrent entre l’institution monarchique et l’institution religieuse. Ces conflits surgissaient souvent à propos de la nomination des évêques.

Vikings et Normands.

Une partie des Vikings se sont installés au IXe siècle dans le nord de la France. Ils se sont convertis au christianisme et sont venus régner sur la Normandie. Puis ils étendirent leur royaume à l’Angleterre, et  pénétrèrent également dans la mer Méditerranée et affrontèrent les Arabes musulmans. Les Normands reprirent  la Sicile aux Arabes et participèrent aux croisades.

 

 

L’émergence des Turcs dans l’arène politique d’Eurasie

Les Turcs étaient un peuple d’origine d’Asie centrale qui est entré dans le califat entre le IXe et le XIe siècle et a pris la direction militaire et politique de l’Islam. Leur arrivée précéda les croisades. Cela a déclenché une nouvelle lutte. Le monde islamique  retrouva sa combativité et va mener un djihad qui a donné des fruits territoriaux importants et durables. À la fin du XIe et du XIIe siècle, les Turcs seldjoukides vont conquérir l’Anatolie et en faisant émigrer de nouveaux habitants, en firent une terre turque et musulmane, qui devint plus tard un tremplin pour  la deuxième l’invasion, bien plus dangereuse des musulmans en Europe. .

Rappel:

1040  après J.-C. Début de l’occupation seldjoukide à l’est du plateau iranien.

1055 Le calife de Bagdad était sa marionnette

1071 Albe Arsalan régna de l’Amou-Daria à Byzance et transféra sa capitale de Merv à Ispahan. La même année, les tribus turques sous sa tutelle s’installèrent en Anatolie (actuelle Turquie). Les Seldjoukides prennent Damas et Jérusalem aux Fatimides.

         Le contexte des croisades

                    « Les musulmans, dans leur vision de l’histoire, étaient les porte-drapeaux de la vérité divine et le devoir de la transmettre au reste de l’humanité. La oumma de l’Islam, dont ils faisaient partie, incluait la volonté de Dieu sur terre. Le Califat était  le seul  pouvoir légitime sur terre et la société musulmane était le seul lieu de vérité et de connaissance entourée de toutes parts par les ténèbres, la barbarie et l’infidélité. De telles idées ont encore des partisans aujourd’hui et certains dirigeants ont parfois utilisé cette propagande pour mobiliser le peuple. Pour autant, au deuxième millénaire de notre ère, cet enthousiasme pour le djihad s’était affaibli et les Etats musulmans de Bagdad  au Caire ou Cordoba, étaient d’abord préoccupés par leur propre politique intérieure. Mais les nouveaux Turcs musulmans seldjoukides qui se sont installés en Anatolie ont cherché à gagner de nouvelles terres. Ils ont pu vaincre le corps de l’Empire romain d’Orient à Malazgerd. Dans cette guerre, les Seldjoukides, sous le commandement d’Albe Arsalan, ont détruit le corps rival ainsi que  des renforts chrétiens européens. Ils ont combattu les Fatimides d’Égypte pour conquérir la Méditerranée orientale, et les pèlerins chrétiens à Jérusalem  n’ont pas été épargnés par leurs épées. L’empereur de Rome orientale, qui se voyait en grand danger, s’est servi du pillage et de l’assassinat de pèlerins chrétiens par les Turcs musulmans comme prétexte pour demander de l’aide à son ancien rival, le pape. Dans cette plainte, l’empereur a demandé un certain nombre de chevaliers qui pourraient vaincre la cavalerie seldjoukide. Le pape Urbain  II, à son tour, a appelé les chrétiens à mener le jihad contre les infidèles qui tuaient les pèlerins chrétiens et pillaient les biens de l’église. Alors que le jihad islamique était maintenant terminé, le jihad chrétien ne faisait que commencer.

En peu de temps, des milliers de djihadistes chrétiens ont déferlé de toute l’Europe. Plusieurs dizaines de milliers d’entre eux se sont massés devant les murs de Constantinople ! Cela effraya l’empereur. Après quelques discussions, les croisés furent encouragés à capturer la capitale seldjoukide de l’Anatolie. Les Turcs, informés par les agents impériaux de l’intention des djihadistes d’attaquer, tuèrent sévèrement les djihadistes chrétiens. Après un certain temps, l’armée chrétienne se déplaça vers le sud pour libérer le tombeau du Christ des infidèles. Après les batailles sanglantes, enfin le 14 juillet 1099, leur armée, dirigée par leur commandant toulousain, Raymond, hissa le drapeau sanglant des Croisés sur la Sainte Maison.

Le chemin de la première croisade

Chronologie

800 / Charlemagne couronné par le Pape

843 Traité de l’Empire carolingien

846 après JC : les musulmans pillent l’église Saint-Pierre de Rome.

912 Le califat fatimide est déclaré à Mahdia, en Tunisie.

938 Les Mongols Khatai du nord de la Chine font de Pékin leur capitale.

962 Les Samanides de Boukhara utilisent les Turcs pour ouvrir l’Afghanistan.

969 Les Fatimides de Tunisie conquièrent l’Egypte. Et en 967, Mansour, le calife fatimide, fonda la ville du Caire.

994 Les Samanides nomment un général turc nommé Sabkatkin comme leur vice-roi en Afghanistan, son fils Mahmud déclare l’indépendance et la dynastie Ghaznavid domine le plateau oriental de l’Iran.

1009 Jérusalem « Tombeau sacré détruit par ordre du souverain, le sixième calife fatimide d’Égypte.

1031 Le renversement du dernier calife de Cordoue et la fragmentation de la domination musulmane et le début de la suprématie des rois chrétiens du nord de l’Espagne.

1040 Début de la conquête du pouvoir seldjoukide à l’est du plateau iranien. 1055 Le calife de Bagdad était sa marionnette 1071 Alb Arsalan régna de l’Amou-Daria à Byzance et transféra sa capitale de Merv à Ispahan. La même année, les tribus turques sous sa tutelle s’installèrent en Anatolie (actuelle Turquie). Les Seldjoukides prennent Damas et Jérusalem aux Fatimides.

1085 Espagne Les chrétiens prennent Tolède / Talitla. Musulmans à Saragosse = Zalaqa bat l’armée chrétienne.

1096 Les croisés mettent le pied en Asie au printemps et avancent jusqu’à Nicée, la capitale du sultan seldjoukide.

1099 Conquête de Jérusalem.

note de bas de page

* « Pour les musulmans, ces guerriers étaient les Francs ou les infidèles – un groupe d’innombrables infidèles ou sauvages qui ont attaqué le monde islamique.

À cet égard, il n’y avait aucune différence entre les musulmans et les chrétiens européens qui ont longtemps refusé d’admettre que l’islam était aussi un rival de leur religion et qualifiaient les musulmans d’infidèles et d’athées.