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Le rôle de l’église dans la structure sociale des communautés chrétiennes médiévales

La porte d’une église montrant le jour de la résurrection et le jugement dernier

A partir du IVe siècle, lorsque le christianisme devint la religion officielle de l’Empire romain, sa diffusion en Europe s’accélère. Dès la fin du Ve siècle, cette mission est confiée à la ville de Constantinople, et l’Empire byzantin devient la plus importante puissance politique soutenant la religion du Christ. Avec l’avènement du clergé, l’église va devenir l’une des pierres angulaires de la structure des sociétés chrétiennes. Les ordres  et les groupes religieux ont chacun joué un rôle dans cette structuration. Dans l’Europe médiévale, où l’ occident était appelé terre chrétienne ou la terre du Christ, et les peuples d’Europe étaient appelés la nation du Christ, l’église va déterminer le mode de vie.

« Ermites » ou ascètes du désert

Au deuxième siècle de notre ère, un certain nombre de disciples du Christ sont devenus moines sous l’influence des idées gnostiques courantes en Méditerranée orientale. En Egypte certains se retiraient de la société et priaient à l’abri des regards. Dans le passé, les moines juifs avaient migré vers cette terre pour son austérité. Mais cette fois s’y sont ajoutés nombre d’adeptes de la nouvelle religion : avec la conversion du christianisme en religion officielle, l’église est devenue une institution qui a dû organiser les affaires d’un grand nombre de personnes et présenter la religion d’une manière que ses adeptes le rendent plus facile à accepter. Cela devait devenir plus facile face aux plaisirs de ce monde. Cette tolérance dérangeait nombre d’adeptes obstinés : ils considéraient une telle vie comme contraire aux enseignements de leur prophète, et donc, à l’instar de l’isolement temporaire de Jésus-Christ dans le désert, ces ascètes  choisirent la pauvreté et la chasteté pour sauver leurs âmes et atteindre le royaume des cieux. Parmi ces théologiens solitaires, Antonius / Saint Antoine (251-356 après JC) fût le plus célèbre : « Après beaucoup d’errances, il s’est finalement  installé dans un coin lointain sur un Mont Rouge, près de la Mer Rouge. Ses disciples  l’ont trouvé et  ont suivi son exemple… Avant sa mort, le désert près de la montagne était rempli de ses disciples. Il s’est moins lavé, et pourtant a vécu 105 ans. Certains des ascètes ne dormaient  jamais par terre, certains restaient silencieux et ne prononçaient pas un mot, certains portaient un lourd fardeau partout où ils allaient..  tous les moines vivaient de très peu nourriture …. : p. 75*

Vivre au « Monastère

le monastère est le lieu de résidence des exilés chrétiens, pour l’austérité et la prière, loin de la vie sociale

Mais l’isolement cellulaire n’était pas le seul mode de vie des moines. Certains d’entre eux recherchaient le retrait de la société, mais aussi leur religion parmi les ascètes. Ils construisaient des monastères sur les crêtes des montagnes ou au milieu de la forêt, et ont rompu les liens avec la communauté et ne se sont engagés exclusivement dans le culte. Les relations intragroupes de ces ascètes n’étaient pas les mêmes dans les monastères. Mais tant en Orient qu’en Occident, les principes de base de ces communautés religieuses étaient fondés sur la pauvreté, l’abandon des plaisirs de la vie, le célibat et l’obéissance aux enseignements de la Bible. Pour les novices dans certains monastères  il y avait aussi un chef religieux dont l’obéissance était une expérience d’obéissance aux commandements divins qui est parfois incompréhensible pour l’homme. Les enseignements de la Bible sont basés sur l’acceptation de la providence divine, qui nous permet de nous débarrasser des soucis et des peurs de la vie et d’apporter une tranquillité d’esprit aux croyants. « Selon les légendes, le chef du monastère a dit au novice de se battre dans la fournaise allumée… et a demandé à un autre moine de planter le bâton du chef du monastère et de l’arroser pour qu’il s’épanouisse. Le novice allait  tous les jours chercher l’eau de Nil pour arroser   la canne, la troisième année Dieu eut pitié de lui et la canne fleurit ».

Organisation  des monastères

Dayre (monastère), la résidence des ascètes   était un culte qui se formait selon la tradition locale. Parfois, plus d’un millier de moines vivaient dans ces monastères. Ces monastères étaient indépendants les uns des autres et ne relevaient pas d’une approche systématique. L’appareil ecclésiastique officiel « ne se souciait pas des moines qui devenaient progressivement membres du clergé, mais il se sentait responsable de leurs actions extrémistes ». p. 77.  Au VIe siècle après JC,  Saint-Benoît en 529  rédigea un codex pour son monastère près de Rome, qui devint le modèle de nombreux monastères.

 Ordre  Bénédictine

Les moines devaient travailler 8 heures par jour et devaient subvenir à leurs propres besoins

Les parias vivaient des nécessités minimales, et la culture de leurs âmes, en plus du royaume des cieux, conduisait également à des privilèges sociaux.

Benoît (480-543) appartenait à une famille de nobles romains, une classe en déclin. Il passa plusieurs années à l’isolement, mais à la demande des moines d’un monastère voisin, accepta leur présidence. Il fit respecter des règles strictes, de sorte qu’au bout de quelques mois, les moines excédés, tentèrent de le tuer   en versant  un poison dans son vin. Benoît hocha de nouveau la tête dans un coin, « mais il croyait que l’isolement collectif était bien plus sage que l’isolement solitaire là-bas. »  p.668  Il rédigea plus tard le guide de  et la politique de la plupart des monastères de l’ouest de la terre. « P.

 Il revint à la vie et fût élu président des monastères grâce à son expérience et son habilité. Il  promulguai des lois qui sont devenues plus tard le guide et la politique de la plupart des monastères des pays occidentaux.  La vie des monastères était organisée selon la règle de 8 heures de prières, 8 heures de travail et 8 heures de sommeil.  Les moines devaient travailler dur pour vivre.

La deuxième vague de la création des ordres  religieux en occident

Des ascètes  aux évêques de cathédrales luxueuses,
Les gestionnaires de terrains dotés et les plus grandes institutions financières d’Europe;

photo : pauvreté et négligence des plaisirs de la vie terrestre

Le nombre de moines augmenta de façon spectaculaire non seulement au Moyen-Orient et en Égypte, mais aussi sur les terres européennes. Les histoires d’austérité et des miracles de la vie des ascètes étaient remplies d’éloges exagérés pour leurs actes et leur mode de vie. Atteindre  le royaume des cieux était le désir ultime de chaque disciple du Christ, et devait être atteint par l’austérité et le renoncement aux plaisirs charnels. En raison de l’incapacité des croyants à ignorer les plaisirs de ce monde, ils devaient payer pour leurs péchés en payant une pension alimentaire et en investissant autant que possible pour leur au-delà en faisant des vœux. Cela garantissait, mais aussi augmentait leur dignité et leur statut parmi les croyants et augmentait leur statut social.

Les moines devaient regarder la terre pour éviter l’orgueil

Contrairement à la richesse des individus, qui dépendent fortement de leur situation individuelle et familiale et étaient très vulnérables aux événements sociaux, les institutions religieuses avaient un niveau élevé de stabilité et de marge de sécurité, ce qui conduisit à la concentration de la richesse et à l’influence croissante de ces institutions dans la société.  L’église, afin de montrer son autorité et sa domination sur la société, commença à construire des édifices de plus en plus luxueux, en particulier des églises immenses – les cathédrales, qui étaient le siège des évêques. Aux XIIe et XIIIe siècles, les villes importantes d’Europe avaient chacune une cathédrale qui étaient la manifestation de la richesse des « marchands et fiduciaires des bontés » et le saint patron d’une église dont les principes étaient d’encourager les gens à renoncer aux luxes de ce monde.

Dans ces sociétés, la vie des croyants, après avoir satisfait les besoins de base, était fondée sur des rituels individuels et collectifs qui garantissent le bonheur ultime. Il est clair à quel point l’importance des institutions spécialisées dans ce domaine a joué un rôle dans la vie sociale de la oumma. La vie individuelle de la naissance à la mort se faisait dans la pratique des rites religieux et en présence du représentant officiel de l’église. L’accès à l’éducation était assuré par l’église et seul le clergé et un petit nombre de riches et de bureaucrates y avaient accès. En plus de créer une culture de la communauté, ces réseaux avaient aussi pour rôle de gérer les affaires quotidiennes des croyants. Au fil du temps, la richesse des monastères et des institutions religieuses s’est accrue, et à côté de ce statut culturel et économique privilégié, un vaste réseau organisé s’est constitué dont la mission était d’entretenir les sites sacrés, d’assurer la sécurité des pèlerins, de gérer les villes et villages et de fournir des services médicaux. Fournir de la nourriture aux pauvres et organiser des rituels de prière quotidiens figuraient parmi les tâches les plus importantes. Ces réseaux intégrant la structure sociale et, contrairement à la cour des rois locaux et des puissants, étaient stables, et les plus grands généraux et empereurs de l’époque avaient besoin de leur soutien. Aucun pouvoir politique n’aurait pu être aussi longtemps aux commandes de la société sans le soutien de ces réseaux sociaux complexes.

Référence;

  • *les citations de cet articles est du livre se  » l’Histoire de la civilisation  » tom deux  de l’âge de la foi , Will DURANT