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Un régime inédit  et singulier!

Age d’or Mamelouks

             Le système de gouvernement mamelouk est unique dans l’histoire de l’humanité. Il a régné en Egypte pendant deux siècles et demi de 1250 à 1517. Durant les siècles suivants, les Ottomans et les Safavides utilisèrent sa fonctionnalité. Dans ce système, les enfants capturés dans des terres lointaines non musulmans étaient réduits en esclavage. Ceux-ci étaient ensuite transformés en une sorte de « robots » déracinés après avoir suivi une longue formation. Leur habileté et leur discipline martiale étaient célèbres parmi les gens de l’époque. Ces « émirs djihadistes » ont été capables de battre les croisés.  Napoléon Bonaparte lui-même les a utilisés dans la bataille d’Austerlitz et dans la répression de l’insurrection de Madrid. Selon certains spécialistes de l’histoire du Moyen-Orient, ce système de gouvernement a également inspiré des coups d’État et des dictateurs dans la région au XXe siècle. Bien sûr, avec cette différence : les rois mamelouks régnaient à cheval et depuis le champ de bataille, et les putschistes depuis leur quartier général.

Un bref aperçu de l’utilisation  des esclaves – Soldats :

Lorsque le successeur de Mamun, al-Mu’tasim, monta sur le trône à Bagdad, les soulèvements locaux sur le plateau iranien se poursuivirent et il fit réprimer ces mouvements. Motasem savait que la base sociale du califat sur le plateau d’Iran était très faible. D’un autre côté, le peuple sunnite de Bagdad était mécontent de lui, et ses révoltes et sa désobéissance montraient l’illégitimité croissante des califes abbassides. Mais Mutasim continua à porter le nom d’Amir al-Mu’minin, et parvint à garder sa légitimité auprès des nouveaux musulmans. Il acheta une armée d’esclaves, dont la plupart étaient des Turcs musulmans d’Asie centrale, et déplaça la capitale de Bagdad à Samarra pour diriger le califat. C’était la première fois qu’un calife faisait l’expérience d’une telle illégitimité dans sa province et que le noyau de son armée était composé d’étrangers. Dans le passé, les Omeyyades mobilisaient les masses à travers l’aristocratie arabe et avec le slogan de la supériorité de la race arabe, mais les Abbassides, arrivés au pouvoir avec l’aide de non-arabes, perdirent ce soutien. En conséquence, les Iraniens devinrent  tout d’abord  la force dominante à Bagdad, puis les Turcs les remplaçèrent. Le règne des califes se poursuivit pendant plusieurs siècles jusqu’à ce qu’un calife soit étranglé par l’ordre de Hulagu. Le renversement des califes abbassides fût ainsi formalisé (656 AH).

Origine géographique des esclaves – Soldats

Mamelouk en arabe signifie esclave (les esclaves blancs s’appelaient les mamelouks et les esclaves noirs s’appelaient les  aubiide Dehkhoda). Ils étaient choisis parmi les enfants capturés sur les terres des infidèles. Pendant la période abbasside, la plupart de ces esclaves étaient achetés au Turkestan ou faits prisonniers dans les guerres. Sous le règne des sultans mamelouks, ces esclaves étaient pour la plupart originaires d’Ukraine, du Caucase du Nord, des Circassiens, des Géorgiens et des Arméniens. Après l’invasion mongole de ces zones, leur nombre  sur le marché des esclaves a considérablement augmenté. Ceux-ci étaient vendus selon leur race, leur âge et leurs capacités. Les magnats les vendaient comme marchandises commerciales aux courtiers des marchés des pays islamiques. La route principale de ce commerce partait de la ville de Crimée sur la rive nord de la mer Noire, et après avoir traversé cette mer, le Bosphore, la mer de Marmara et le détroit des Dardanelles se terminaient dans les marchés d’esclaves de la région. La traite des esclaves était très lucrative et l’empire byzantin, qui régnait sur la mer Noire et la Marmara, en profita grandement et coopéra avec les marchands musulmans et les sultans mamelouks. Plus tard, les esclaves caucasiens et circassiens reçurent plus d’attention. Pendant la période ottomane, les esclaves slaves des Balkans et d’Europe de l’Est étaient principalement utilisés dans le corps  militaire et la fonction publique. A cet époque, toutes ces tribus guerrières  étaient appelées Turcs par les indigènes (alors qu’un certain nombre de ces enfants apprenaient le turc dans ces casernes). « Turc » est passé d’un mot ethnique à un adjectif pour guerrier et brave extraterrestre. Dans la culture de ces sociétés, les femmes noires étaient également destinées à la garde d’enfants et étaient appelées « la leh » et cela faisait partie de la vision du monde dominante sur les terres islamiques par rapport aux autres groupes ethniques.

Du point de vue de nombreux musulmans, cette activité est différente de l’esclavage en Amérique, car les esclaves américains vivaient souvent dans des fermes de travail forcé et dans la pauvreté, tandis que les enfants achetés sur le marché avaient la meilleure éducation. Ils devenaient musulmans et rejoignaient le groupe privilégié t « aristocratique » de la société.

Système éducatif et statut des esclaves – soldats

La sélection, la formation et l’éducation de ces soldats-esclaves ont beaucoup changé au fil du temps. La sélection des Mamelouks était basée sur leur qualité et leurs capacités physiques et mentales. Ils étaient sélectionnés parmi les enfants âgés de 8 à 12 ans du pays des infidèles et tous leurs liens familiaux avec leur famille, leurs connaissances et leur patrie étaient coupés. Ces nouveaux soldats musulmans étaient entraînés à poursuivre le djihad et leur formation militaire était également d’une qualité inégalée. Bien que descendants d’esclaves, les Mamelouks sont devenus musulmans et « libérés » grâce à leur éducation. Leur statut était complètement distinct de celui des autres esclaves, et ils étaient même supérieurs aux populations locales en termes de statut social. Ces soldats étaient connus des autochtones pour leur langue, leurs coutumes, leurs chapeaux et leurs foulards rouges. Ils mémorisaient le Coran, mais parlaient  mal la langue arabe. Ils apprenaient également à jouer aux échecs afin d’être mentalement préparés à faire face à des situations complexes. Chaque mamelouk appartenait à sa propre unité militaire. Dès le début, ils s’entrainaient ensemble et allaient sur les champs de bataille avec un esprit fort de solidarité et de fraternité. La relation de ces soldats avec leurs supérieurs, également mamelouks, était celle de disciple. Les Mamelouks étaient identifiés entre eux par le nom de leur commandant, qui s’appelait « Emir ». Ces groupes constituaient les élites militaires de l’armée du sultan mamelouk. L’obtention d’une position plus élevée était associée aux critères de la méritocratie et n’était possible que par l’abnégation, l’obéissance aux supérieurs, la passion religieuse et leurs capacités de gestion. Les émirs mamelouks choisissaient leur sultan en fonction de son prestige, son statut militaire et ses capacités de gestion. Le sultan occupait la plus haute position dans le système et les décisions étaient prises par le bloc au pouvoir. Ils formaient une « caste » de gouvernement sans précédent dans l’histoire. Au début de la domination mamelouke égyptienne, un nouveau groupe était formé dans les casernes tous les dix ans. Les enfants et les proches de ces soldats ne pouvaient pas rejoindre le groupe mamelouk, et à chaque fois un nouveau groupe d’enfants soldats les remplaçait, empêchant ainsi la création de réseaux héréditaires.

Ce système avait un coût financier élevé. Les Mamelouks prirent le contrôle des routes commerciales en prenant le contrôle des lieux saints (La Mecque et Médine). Les routes terrestres vers l’Arabie saoudite et la mer Rouge facilitaient le commerce entre la Méditerranée et l’océan Indien. Les rois monopolisaient le commerce des épices, et les marchands vénitiens et d’autres villes européennes faisaient du commerce lucratif avec les Mamelouks dans leurs entreprises d’Alexandrie. Bien que le pape ait interdit le commerce avec les infidèles musulmans, les métaux et le bois ont continué à entrer en Égypte depuis l’Europe. Les Mamelouks possédaient également les mines d’or du sud du Soudan, mais le commerce des esclaves restait le commerce le plus lucratif et remplissait leurs rangs. La rançon, le tribut et le pillage de la terre des infidèles étaient un autre moyen de gagner de l’argent, et au total, pendant deux siècles et demi, ont rendu possible le financement du système mamelouk.

Sources de légitimité des sultans mamelouks :

Défendre les terres islamiques
– Poursuite du djihad pour étendre ces terres
Assurer la sécurité des lieux saints et protéger les pèlerins
Soutien aux autorités religieuses.***

Mamelouks d’Egypte 1250-1517

Les Mamelouks sont entrés dans la politique de la Méditerranée orientale à un moment où deux siècles s’étaient écoulés depuis le début des croisades entre chrétiens et musulmans. Les divisions internes des deux côtés ont conduit à un déficit d’alliances, à des coalitions et d’anti-alliances fondées sur la préservation du pouvoir des gouvernants. La couleur religieuse de ces conflits était un prétexte pour mobiliser les partisans : les byzantins n’étaient pas satisfaits des interventions des  francs sur les territoires de leur empire et des vénitiens  sous le prétexte qu’ils transportaient des croisés et des pèlerins chrétiens. Les chrétiens natifs de l’Empire byzantin (Arméniens, Nestoriens, etc.) étaient en conflit à la fois avec l’Empire byzantin et entre eux. Les musulmans n’étaient pas mieux lotis : les califes abbassides et fatimides se considéraient chacun comme les califes des musulmans, les sultans turcs avaient chacun leur propre territoire et étaient en guerre avec les ismaélites, les ayyoubides et les mamelouks pour le maintenir. Dans un tel contexte, des groupes hostiles à leurs ennemis religieux se sont alliés contre des rivaux locaux. Pour sortir d’une situation aussi instable, l’existence d’un puissant groupe « extraterrestre » pouvait créer un équilibre temporaire. Et ce furent les mamlouks qui depuis la selle de leurs chevaux et à l’aide de leur sabres se chargèrent d’une telle tâche, pendant plusieurs  siècles en  Egypte, en Syrie et dans la péninsule arabique.

Beaucoup de ces mamelouks servirent les sultans ayyoubides d’Egypte dans la guerre contre les croisés. Au début du XIIIe siècle, après la mort du dernier sultan ayyoubide, sa femme fût élue souveraine avec le soutien des Mamelouks, malgré la forte opposition des savants musulmans, et en particulier le calife Abbaside. En l’absence d’un dirigeant légitime, en 1250, les Mamelouks prirent le pouvoir et établirent un gouvernement et l’un des commandants du corps mamelouk fut élu pour diriger le gouvernement islamique. « La caractéristique la plus importante des sultans mamelouks était que ce n’étaient pas des Égyptiens Ils sont nés et ont régné sur leurs sujets, qui, comme leurs compatriotes, étaient encore considérés comme des infidèles à leur arrivée en Égypte. « Ils ont régné sur l’Égypte, la Syrie et les lieux saints de l’Islam pendant plus de 250 ans. » Ils ont étendu leur domination à la Syrie et à certaines parties de la péninsule arabique (les deux principaux pôles des terres islamiques) et ont accru leur légitimité en protégeant les villes saintes musulmanes telles que La Mecque, Médine et Jérusalem. Pendant la période mamelouke, l’Égypte était le centre du monde islamique, non seulement militairement mais aussi culturellement. Les Mamelouks essayèrent de répandre la religion sunnite, la religion de la majorité leur sujets, en construisant des mosquées, des bâtiments et des écoles islamiques. Le Caire devînt le centre scientifique et éducatif de la religion sunnite, et des étudiants de toutes les terres islamiques venaient dans les écoles de la ville. Le grand nombre de mosquées soufies et d’édifices religieux  montrait la relation très étroite des Mamelouks avec les savants et les anciens islamiques, ce qui a légitimé leur domination. Les sites religieux étaient généreusement entretenus par les Mamelouks et, en plus des dons en espèces, de vastes domaines étaient offerts à ces institutions religieuses. De cette façon, les sultans mamelouks se présentaient comme  les défenseurs de l’islam sunnite  officiel contre les ennemis infidèles et les rivaux des autres branches de l’Islam. Les Ottomans, successeurs des Mamelouks, utilisèrent une vaste propagande pour noircir et effacer les reliques de cette période afin de se présenter comme le seul représentant de l’Islam et le défenseur de la religion sunnite. Les Ottomans s’appuyèrent sur l’étrangeté et l’infidélité de ces esclaves qui avaient « usurpé » le gouvernement musulman, bien qu’ils aient utilisé le même système.


Les Mamelouks sont arrivés au pouvoir à une époque où les Etats avaient disparu (les califes abbassides et fatimides) et les sultans seldjoukides régnaient chacun sur leur propre territoire. Il n’y avait aucune force ni capacité centralisée pour défendre le droit de l’Islam. Les Mamelouks vainquirent les croisés européens, capturant le roi Louis IX (Saint Louis) de France. Plus important encore, ils stoppèrent l’avance mongole en Méditerranée orientale et  chassèrent les armées mongoles de Syrie à plusieurs reprises. Et ainsi ils sauvèrent le monde islamique. Les rois égyptiens renversèrent la domination franque au pays levant  et dans le sud de l’Anatolie pendant la période Barbar (le Sultan mamlouk). Les Ismaélites   de  Syrie et du Liban furent éliminés, et les villes de Tarse et Sis dans la région de la Petite Arménie (Silicium) conquises et pillées.


Bien que les Mamelouks n’aient pas beaucoup d’origine culturelle, les exigences de leur pouvoir les amenèrent à gagner du prestige aux yeux de leurs sujets, de sorte que le modèle d’urbanisme et les bâtiments hérités de leur époque sont tous remarquablement beaux et durables (les magnifiques édifices religieux en pierre et les palais du gouvernement au Caire, à Jérusalem, à Damas et à Tripoli au Liban, et connus sous le nom de « style mamelouk »). Et même lorsque les Mamelouks perdirent leur domination, le style néo-mamelouk perdura en Egypte. L’aristocratie mamelouke, afin de compenser ses origines,  travailla dur pour montrer sa richesse et sa puissance.

« ** Ils ont pu établir des relations pacifiques avec les dirigeants mongols. L’accord des Mamelouks avec le gouvernement byzantin a facilité la traite des esclaves des terres du nord de la mer Noire à travers les Dardanelles. Le commerce était une condition préalable à la survie du régime mamelouk  » **

Napoléon et l’utilisation des Mamelouks dans le Corps impérial :

Le soulèvement du peuple madrilène et sa répression par les escadrons mamelouks commandés par le frère de Napoléon. Tableau de « Francisco Goya »

Au cours de l’expédition de Napoléon en Égypte, après avoir vaincu les agents de la domination ottomane en Égypte, un grand groupe de Mamelouks a rejoint Napoléon. En 1802, l’un des généraux de Napoléon, Delaitre, est devenu responsable de l’organisation des Mamelouks dans l’armée impériale. Ceux-ci formaient un bataillon indépendant dans la garde impériale. En 1805, à la bataille d’Austerlitz, le même escadron est chargé la cavalerie de l’armée russe.  Mamelouks parviennent à capturer un grand nombre d’officiers et de soldats russes, dont leur commandant, le prince Repnine.

Toujours en 1808, lors de la révolte du peuple madrilène contre l’occupation de l’Espagne par l’armée de Napoléon, l’escadron mamelouk se chargea de réprimer les rebelles, augmentant ainsi la haine du peuple espagnol contre Napoléon. Après la chute du premier Empire, les Mamelouks se dispersèrent et furent tous assassinés à Marseille lors de l’Assassinat Blanc. Durant la seconde période de l’empire, les bonapartistes s’appelaient les mamelouks.

Au XVIIIe siècle, les Mamelouks (d’origine circassienne du Caucase) ont déclaré leur indépendance à Bagdad et ont régné sur une partie de l’Irak jusqu’en 1830. (Certains venaient également du Caucase). Ils formaient des bataillons pour servir les maîtres, car les belliqueux mamelouks étaient plus aptes et moins dangereux que la population locale. Ils occupaient des postes bureaucratiques et militaires dans l’appareil gouvernemental. « Au XVIIIe siècle, trois générations de mamelouks turcs ont pu se maintenir au pouvoir. » **

Le sort des esclaves – soldats

Les enfants, qui ont été impitoyablement séparés de leurs foyers pour jouer le rôle de soldats ou de chefs de guerre dans l’histoire, ont connu une fin tout aussi tragique à leur histoire. Les Mamelouks ont eu un destin en Égypte, dans l’Empire ottoman, dans l’Empire safavide ou dans l’Empire napoléonien : les peuples autochtones et les groupes rivaux les ont massacrés comme des étrangers et se sont vengé ces « robots » qui dominaient leur propre société.

L’Égypte, la Syrie et la Mésopotamie étaient les trois principaux centres de la civilisation moyen-orientale. Le tournant de l’histoire a exigé que la société égyptienne importe un gouvernement étranger sur sa propre terre, son sol, sa religion et sa culture. Le règne des Mamelouks était basé sur la séparation complète et légale du peuple avec le gouvernement étranger. L’une des merveilles de l’histoire est qu’une nation paie un lourd tribut et capture des enfants étrangers pour la gouverner ! Comment est-il possible de reproduire une telle aristocratie sur deux siècles et demi pour régner sur des terres au passé et à la culture comme l’Egypte et la Syrie ? Et dans les siècles suivants, le même modèle sera utilisé dans les empires ottoman et safavide, à la différence près que cette aristocratie a servi les sultans ottomans et les rois safavides. Un fossé aussi énorme (et unique dans l’histoire) entre le gouvernement et la société assujettie n’a-t-il pas conduit à l’acceptation de la tyrannie par les « sujets » ? Les innombrables coups d’État militaires au Moyen-Orient au XXe siècle n’ont-ils pas eu lieu sur cette base, et cette tradition imparfaite et contre nature n’est-elle pas l’un des facteurs qui compliquent l’histoire du Moyen-Orient aujourd’hui ?

Ressources:

Histoire de la civilisation islamique / George Zidane

                                                                              Recherche dans l’un des empires islamiques

–https://www.universalis.fr/encyclopedie/sultanat-mamelouk/

TATIANA PIGNON

Tatiana Pignon est élève en double cursus, à l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm, ainsi qu’à l’Université de la Sorbonne en Histoire et en langue. Elle s’est spécialisée en l’histoire de l’islam médiéval.

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 Julien Loiseau : Historien, Professeur d’Histoire du moyen-âge à l’Université́ d’Aix-Marseille.

https://campuslumieresdislam.fr/fr/blog/lislam-dans-lhistoire/13e-20e–les-empires/roustam-raza-142

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https://www.histoire-pour-tous.fr/histoire-de-france/4322-les-mamelouks-de-la-grande-armee-de-napoleon.html