La Grèce D’Asie / VIIIème au Vème siècle avant JC:
Selon F. Braudel, l’un des plus grands spécialistes du monde méditerranéen, les premières tribus grecques, descendues du l’ouest de la mer Noire, se sont installées sur les deux rives de la mer Marmara. Autrement dit, la Grèce d’Asie n’est pas la colonie de la Grèce continentale, elles sont aussi anciennes l’une que l’autre. Il rajoute d’ailleurs que « cette Grèce d’Asie/VIIIème au Vème/ ne prospérera, un jour qu’en raison de ses liaisons avec l’Asie profonde .
Les premiers centres de la Grèce ancienne, notables pour leur richesse culturelle, ouverts aux échanges, propices au développement des sciences et de la pensée, sont les villes de Milet et l’île Phocée dans les régions de Ionie/Lydie[2]. Ces villes asiatiques se sont formées en contact direct avec les civilisations anatoliennes précédentes. Sur le plan culturel, ces villes d’Asie mineures sont aussi sous l’influence d’Alménar et d’Ougarit, situées au nord de la Syrie. Leurs productions culturelles et artistiques s’inscrivent en partie dans la continuité des cultures locales des peuples anatolien et phénicien. Il est important de noter que ces peuples et leurs villes se sont notamment organisés grâce à d’importantes activités commerciales mais aussi de l’artisanat lié à la métallurgie.
Sur ces rives de la Méditerranée, les villes autonomes étaient très riches. Selon Braudel, ces villes sont comparables avec les villes italiennes de la Renaissance : « Comme celles-ci, les cités grecques se gouvernent elles-mêmes, c’est donc entre unités politiques nombreuses et de faibles dimensions que se morcelle la Grèce archaïque et classique »
Cette terre riche sur les plans économiques et culturels a favorisé l’essor de grands penseurs. Par exemple, ceux des écoles philosophiques de Milet sont considérés comme les précurseurs de la rationalisation de la pensée humaine : ils cherchent une explication naturelle et scientifique du monde, en s’éloignant de la mystification mythologique.
La civilisation ionique a généré une littérature brillante. Elle a aussi généré des penseurs qui ont érigé le fonctionnement de la société, la tyrannie, la justice et la liberté comme objets mêmes de la réflexion.
Quelques illustres personnages ioniens
Les sept sages de la Grèce antique. Thalès de Milet
Thalès de Milet (624-549 av. J-C.), fondateur de l’École ionienne de philosophie, fut le premier philosophe à critiquer les interprétations religieuses et mythologiques du monde et des phénomènes naturels qui prévalaient à l’époque, en déclarant que le principe à l’origine de la création du monde était la matière et plus précisément, l’eau.
Anaximandre de Milet (610-547 av.J-C.), philosophe contemporain de Thalès et l’un des dirigeants de l’École de philosophie pré-socratique. Il étudia les mathématiques et l’astronomie, conçu une horloge solaire, une sphère céleste mais aussi une carte de la Terre.
Héraclite d’Éphèse (VIe siècle av. J.-C.), philosophe matérialiste, qui s’est appuyé sur le mouvement et l’évolution des objets. Il considérait le feu comme la cause principale de l’univers, qui change sous diverses formes et retrouve finalement sa forme originale (« la réalité est multiple et unique »).
Démocrite (470-361 av.J.-C.). Selon lui, l’être est aussi existant que le non-être. La matière est indivisible et constituée d’éléments indivisibles, les atomes. Il a fait de nombreux voyages sur les plateaux iraniens et indiens.
1 « Les Méoires de la Méditerranée » p. 359.
[2] Région littorale de l’ouest de la Turquie. Milet, Éphèse et Sarde sont les villes importantes de cette région. Au VI siècle av. J-C., Cyrus, fondateur de l’empire perse a également gagné beaucoup de richesses grâce à la satrapie de Lydie. Le chemin royal de Suze mène à la ville de Sarde, qui se trouve dans cette région. Aujourd’hui encore, cette région (centrée sur Izmir) est la région la plus riche de Turquie.
[3] Les paragraphes suivant sont directement tirés de « Grèce antique » Edition M.TOUBIS.S.A.