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Deux siècles de terreur sur le plateau iranien

« aujourd’hui Il faut chercher l’art sous le sol

car tous les grands artistes sont enterrés »

Histoire de Jahan gosha Jovini

La deuxième attaque mongole sur le plateau d’Iran

Pendant deux siècles, les habitants du Plateau d’Iran subirent les attaques les plus destructrices de leur histoire. La première série d’invasions mongoles a conduit à la destruction complète des villes du nord de l’Iran (1219 après JC), la deuxième vague de cette invasion visait à conquérir l’Iran et à fonder une dynastie en Iran. Le petit fils de jangize est le fondateur de la dynastie Ilkhanide qui gouverna pendant plus d’un siècle. La troisième attaque, 150 ans après la première invasion mongole, fût menée par Timour Gurkhani de Samarkand. Dans les villes où il y avait de la résistance, il tuait massivement et exposait les yeux et les crânes à ses portes pour instiller la terreur dans l’âme des survivants pendant des générations. Pour autant les descendants de Timour Gurkhani seront des rois cultivés et amoureux de l’art et des sciences! Une branche de cette famille s’installa en Inde, apportant avec eux la culture et la langue persanes.

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Avant Gengis Khan, la Confédération des tribus mongoles envahissait parfois la Chine et gouvernait la Chine pendant un certain temps, mais à chaque fois, un vide de pouvoir dans le désert mongol conduisait à la formation d’une nouvelle confédération et coupaient l’arrière garde avec des dirigeants mongols installés en Chine. Mais après sa conquête de la Chine, Gengis retourna à sa base en Mongolie et y consolida son règne jusqu’en Chine avec plus de trophées et d’expérience politique……..Dans le cadre de sa politique de consolidation de l’arrière front, Gengis demandait la coopération du rois de Perse pour pacifier les régions fréquentés par les caravanes.. Mais l’attitude arrogante du sultan Mohammad Kharazmshah l’a forcé à riposter, et le khan mongol s’est attaqué furieusement à l’Asie centrale et a poursuivi le lâche sultan * puis son courageux fils, le sultan Jalaluddin. La politique de guerre des mongols était de brûler et de détruire : de l’Asie centrale, au nord de l’Iran jusqu’à l’Arménie et au-delà au Caucase. Le but de ces attaques n’était pas de conquérir le plateau d’Iran, mais de le piller et de le détruire afin de sécuriser les frontières de l’empire mongol à l’ouest et de préparer les Mongols à conquérir le reste du monde par la suite. Les villes étaient dévastées et les réseaux d’irrigation et les puits d’eau détruits. Le grand Khan régnait sur ses 40 millions de sujets en Chine et ses généraux, dont la plupart étaient ses frères et neveux, ont été éparpillés dans le monde à la tête d’une grande armée.

Attaque contre l’Asie centrale et le plateau d’Iran

La première attaque : cette victoire rapide des mongols est dûe à divers facteurs : dans le vaste royaume de Khwarezm Shah, qui fraîchement fondé, la loyauté envers le gouvernement n’était pas encore complètement acquise. De plus, les impôts pesaient lourdement sur le dos de la population et le roi était obligé de disperser ses troupes sur tout le territoire afin d’assurer son pouvoir. Les rois de Khwarezm Shahi n’eurent pas l’intelligence de ne pas épuiser leurs forces dans une guerre civile ( car Jalal al-Din était depuis longtemps en guerre avec son frère) au lieu de s’unir contre les mongols. Le calife de Bagdad, quant à lui, était satisfait de la perdition de son rival et demanda de l’aide aux mongols pour faire disparaître Khwarezm Shahid : « Mais le khan mongol n’a pas obéi à sa requête » écrivait Mir khand , un historien iranien. . Cependant, lors de la première attaque contre la Mésopotamie, lorsque les armées mongoles atteignirent quasiment Bagdad, elles dévièrent de leur route alors qu’elles auraient pu conquérir facilement Bagdad.

Villes surpeuplées détruites lors de la première attaque: Khudzhand, Boukhara, Samarkand, Balkh, Merv, Tus, Neishabour, Rey, Q Saveh, Qom, Kashan, Zavin, Hamedan, Ganja, Tbilissi …. L’Iran, sans devenir une partie du territoire mongol, est devenu une terre brûlée et en ruine. » L’Histoire de Herat » évalue le nombre de personnes tuées à Jarat à un million 600 mille (Mongols p. 91) et à Neishabour à un million sept cents mille. Bien que ces chiffres ne puissent pas être corrects, ils donnent une idée de l’ampleur de la catastrophe qui a frappé le territoire du Khorasan.

Redistribution du pouvoir dans l’Empire mongol entre les enfants et petits-enfants dans les années 1260

La deuxième invasion mongole : « Les fils de Gengis Khan obéirent à l’ordre de leur père de choisir son successeur et choisirent Oktay pour régner en 624 AH. Après quarante jours de réflexion, il accepta la règle mongole et ajouta le titre de Qaan à son nom ». p 38 Histoire des Mongols. Lui et ses successeurs ont cherché à consolider leur domination en Chine et en Asie centrale. À l’époque de Menko Qaan, les invasions mongoles pour conquérir les terres occidentales ont repris, il a dirigé son frère Holako en 654 AH à la tête d’une armée qui comprenait un cinquième de l’armée mongole, qui s’est lancée dans cette mission.

Pour cette attaque, la route a été préparée et les préparatifs nécessaires ont été faits à l’avance pour le déploiement de troupes. Le plateau iranien était nécessaire pour sécuriser les routes commerciales et l’accès à la mer Méditerranée. Cette fois ci il fallait éliminer le Califat de Bagdad pour conquérir l’Égypte avec également une exigence d’un gouvernement stable sur la Syrie et la Palestine. Si au début l’idée de détruire la vie urbaine était à la base des invasions mongoles, après des décennies de règne en Chine, ils réalisèrent l’utilité des villes et cherchèrent à dominer les villes et les routes commerciales et à s’en servir pour en tirer profit. Avec ces objectifs, l’armée mongole dirigée par Holaku Khan lança une deuxième offensive à l’ouest.

Holako entra en Asie centrale. Les dirigeants locaux venaient à pied vers les khans mongols pour déclarer leur servitude afin de sauver leur territoire de la destruction. A cette occasion, les sultans d’Asie Mineure, Saad Ier, le souverain de Perse, le souverain d’Hérat, et de nombreux émirs d’Irak, d’Azerbaïdjan, d’Iran et de Shirvan vinrent à sa cour. Le calife contacta secrètement Hulagu, mais le khan mongol ne fit pas tellement confiance à ses instructions. » Le califat sunnite de Bagdad a été renversé et la plupart des responsables chiites étaient satisfaits de cet événement car la main des chiites, notamment en Iran, était plus ouverte.

Ilkhanide

À la fin de cette campagne, le territoire de Ilkhanide avait atteint son étendue définitive, malgré des changements mineurs. Cette dynastie régnait sur les différentes régions de l’Iran en respectant les cultures et les religions de ses sujets et en défendant des frontières contre les ennemis « étrangers « . Désormais, les Khans se considéraient comme rois d’Iran …

Quatre décennies après l’invasion dévastatrice de Gengis Khan, une nouvelle génération de Mongols arriva au pouvoir en Iran. Holaku et les premiers successeurs étaient bouddhistes et anti-islamiques, mais à la fin du VIIe siècle, les dirigeants mongols coupèrent leurs cordons ombilicaux avec le grand khan mongol et obtinrent l’indépendance. Les puissants voisins en Égypte, en Syrie et dans la plaine de Qapchaq (qui, ironiquement, étaient tous des Turcs de l’Asie centrale) étaient de fervents défenseurs de l’islam sunnite et considéraient les Ilkhanides comme des dirigeants infidèles. « Takudar, l’Ilkhan d’Iran, fit quelque chose qui allait avoir un effet profond sur les conflits politiques au Moyen-Orient : il s’est converti à l’islam et a pris le nom d’Ahmad. Mais ce changement religieux fit fuir de nombreux nobles et aristocrates mongols vers l’est du royaume tandis que avec l’arrivée au pouvoir de son successeur qui était bouddhiste la peur changea de camp. » P.85  » Histoire des Mongols.

La bureaucratie iranienne au service des Mongols

Service ou trahison

La bureaucratie a toujours été l’épine dorsale de la continuité historico-culturelle de l’Iran. Sans ce système, ni Alexandre, ni les Arabes, ni les Mongols, ni les Timurides n’auraient pu régner en Iran. Des Barmakians et des Nobakhtians, qui ont servi les califes abbassides, à Beyhaqi et Khajeh Nizam al-Mok, qui ont servi la cour des tribus nomades d’Asie centrale, et les ministres et érudits iraniens expérimentés de l’ère mongole, tous ont servi les intérêts de souverains étrangers.
Mais le travail de ces élites politiques et scientifiques ne se limita pas à la mesquinerie : la plupart de ces ministres recherchaient aussi la prospérité du royaume et du pays, et utilisaient la bureaucratie pour améliorer les conditions matérielles et spirituelles, et autant qu’ils le pouvaient initier ces « sauvages » à la culture et la gouvernance d’un pays. Leurs politiques et leurs capacités furent efficaces dans leurs actions et comportements, et après quelques générations, ces dirigeants s’adaptèrent à la culture de la société d’accueil….. Un tel phénomène n’est pas la seule caractéristique de la culture iranienne : Gengis avec pour objectif de détruire les villes, quand il quitta la Mongolie, mais à la fin de sa vie, sous l’influence d’un grand penseur chinois, il se tourna vers le taoïsme et sa vision politique changea….Le domaine de l’histoire est étranger à la partialité, et l’histoire en particulier ne peut pas être commencée arbitrairement et par la fin !

Soltanieh *** Centre des relations étrangères
Photo Le bel édifice de Soltanieh, réalisé par les maîtres de l’architecture iranienne, avec un dôme en brique à double paroi.

Soltanieh était la capitale pendant la période de prospérité des Ilkhanides. Les Mongols étaient depuis longtemps en contact avec les byzantins et les pays européens. La relation de Holako avec l’Empire byzantin était amicale. L’empereur Byzantin était satisfait de l’affaiblissement des Seldjoukides par les Mongols, mais préférait que les Seldjoukides restent comme un État tampon entre les deux états. Durant la période ilkhanide, ces relations se resserrèrent et conduisirent à l’échange d’ambassadeurs. Le Mongol Khan envoya des lettres à Philippe Le Bel, Roi de France et à Edouard Roi d’Angleterre, et reçut les représentants commerciaux des villes commerçantes d’Italie, telles que Gênes et Florence.

La propagation du soufisme

Farid al-Din Attar Nishaburi, par les

Maulvi Balkhi, soufi et grand poète, s’est réfugié à Konya  en raison de l’attaque mongole

L’invasion mongole de Bagdad et la chute des califes abbassides sunnites provoquèrent un vide de pouvoir sur le plateau d’Iran. Le soufisme et les chiites profitèrent de la situation pour développer leur influence. On reviendra sur ce sujet marquant de l’Histoire de l’Iran.

Invasion mongole à l’ouest du plateau d’Iran

Bagdad, Méditerranée orientale et Égypte : « Les Ilkhans ont continué à envahir le sud-ouest, malgré leur position défensive au nord : leur but n’était pas seulement de dominer la Syrie, mais aussi de conquérir l’Égypte. » (Histoire des Mongols .p.64) Cette politique était basée sur la prémisse que « la Syrie et la Palestine sont naturellement liées géographiquement et politiquement à l’Égypte. Soit elles devraient gouverner la vallée du Nil, soit elles devraient renoncer à l’accès à la haute mer au large des côtes de la Syrie. » Mais les mamelouks égyptiens ont sévèrement vaincu l’armée mongole à Jalut, une région de Palestine, massacrant un grand nombre de troupes, après quoi les Mongols abandonnèrent leur plan de conquête de l’Égypte et se retirèrent même de la Syrie.

Des steppes de la Volga à l’Europe : Hulaku se fit appeler l’I khân d’Iran et Khan Dasht-e Qiptchaq (steppe de la Volga). Ilkhân et Khan Dasht menèrentdes guerres sanglantes. Les armées mongoles conquirent la frontière de la mer Noire avec la Russie, puis vainquirent les Tatars rivaux, en Europe de l’Est. Mais leurs armées furent frappées de toutes sortes de maladies qui les ont forcés à quitter l’Europe.
En Asie Mineure / Turquie Aujourd’hui : Les Mongols ont conquis les terres des Seldjoukides en Asie Mineure de l’est avec la collaboration tacite de l’Empire byzantin. Cette politique a retardé la chute de Constantinople de quelques décennies. La domination mongole en Crimée a duré jusqu’au XVIIe siècle.

Timurides 770-906 AH 1369-1600 AD

Tiré de la petite encyclopédie de l’Iran
« Le peuple iranien n’avait pas encore oublié les tueries, la destruction et les souffrances mentales et sociales de l’invasion meurtrière mongole, lorsqu’une fois de plus une tribu sauvage dirigée par Timour a envahi leur terre, crée une atmosphère sanglante et construit un minaret de la hauteur des têtes empilées de la population. Peu avant 1990, après avoir conquis la Transoxiane, Timour lança des attaques successives sur le Khorazm et le Khorasan et atteignit Neishabour et Sabzevar par Herat. Il s’avança jusqu’au Bagdad et au Levant. Puis il alla vers le territoire russe jusqu’à Moscou, traversa le col de Khyber jusqu’à Delhi, et revint à Samarcande. Lors de la dernière attaque, qui dura sept ans, il parvint à Karabakh en Géorgie, et détruisit l’église chrétienne. Il battit les troupes de Bayazid, le puissant roi ottoman. La conquête d’Ankara par Timour fut l’occasion de recevoir les ambassadeurs des rois européens. Après leur retour à Samarcande il reçut les envoyés d’Henri III d’Espagne à sa cour… En 1404, Timour marcha sur la Chine, seule terre qu’il n’avait pas conquise, mais mourut en chemin. Sa tombe est à Samarcande.
Son fils Shahrokh Mirza reconstruisit les villes de Merv Herat et la femme de Shahrokh, Goharchad Begum, fit bâtir une mosquée à Mashhad qui existe toujours. Shahrokh et ses successeurs sont d’éminents scientifiques et artistes …. Il a été écrit avec une bonne écriture. « Le ministre timouride de la science et de la théologie , Alishir Navaii, a créé une école et une bibliothèque à Herat que personne n’avait jamais vues auparavant. » P. 169

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