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Byzance 30/03
Byzance a régné pendant plus de onze siècles sur l’Europe du Sud-Est et sur l’Asie Mineure. En raison de sa situation géopolitique, son pouvoir économique et son  patrimoine culturel ont joué un rôle important dans l’histoire de l’humanité. La propagation du christianisme, la formation de l’Europe de l’Est et de l’Europe centrale ainsi que de l’empire ottoman  ont directement été influencés par cette civilisation.
Géographie: Byzance se situe entre la mer Noire et la Méditerranée. Ces deux mers sont reliées entre elles par le détroit des Dardanelles, la mer de Marmara et le détroit du Bosphore, séparant ainsi l’Asie de l’Europe. Cette voie navigable est depuis longtemps un passage pour les navires marchands. Les ports de la Méditerranée orientale sont restés les ports les plus importants pendant la période byzantine. Des villes comme Alexandrie, Antioche et Constantinople étaient les villes les plus riches du monde pendant des siècles. Les ports exportaient le blé égyptien, le vin et les olives grecs, la céramique émaillée de Constantinople ainsi que des produits importés d’Inde et de Chine,.
Histoire byzantine: Selon les traditions mythologiques byzantines, Byzance a été bâtie sur l’ordre de l’un des descendants de Zeus
Mais historiquement au 7ème siècle avant JC, une colonie grecque s’est installée dans la région et a fait fortune en contrôlant le commerce entre la mer Noire et la Méditerranée. Pendant les guerres Iran-Grèce, la région était considérée comme un pont entre les deux puissances rivales. Son rôle dans les relations entre l’Europe et l’Asie est devenu de plus en plus important à partir de cette époque. Sous l’Empire romain, le choix d’une capitale à l’Est était nécessaire en raison de la vaste étendue de l’Empire et du conflit constant avec l’Iran. L’empereur romain choisit Byzance  et l’a renouvelée et agrandie. À partir de 330 après JC, la nouvelle ville, appelée Constantinople, est restée la capitale orientale de Rome jusqu’à sa chute au XIVe siècle. Les habitants de cette région étaient généralement grecs et la culture hellénique était répandue dans toute la Méditerranée orientale. C’est sous la domination romaine qu’a été établi le système bureaucratique, juridique et politique d’administration de l’empire. L’organisation économique de la ville et de l’empire ont également été modifiées. L’Empire  byzantin est donc la continuation logique de l’Empire romain.
Le christianisme, en tant que religion d’État, est retourné à Constantinople où autrefois il était bien enraciné. Cette ville a été l’un des deux centres du christianisme dans le monde  jusqu’au  15eme siècle.

Les historiens divisent l’histoire byzantine en trois périodes :
Du quatrième au septième siècle c’est la période de reconstruction de l’Empire romain dans la partie orientale. L’invasion arabe a arrêté la croissance de l’Empire byzantin pendant un certain temps, mais à la fin du neuvième siècle, Byzance a de nouveau été relancée jusqu’en 1204, avec l’occupation de la ville par les croisés chrétiens. De cette date jusqu’à la chute de Byzance provoquée par les Ottomans en 1453, le pouvoir a changé de mains au rythme des invasions françaises, italiennes ou turques.
Une reconstruction dans le prolongement de l’Empire romain. Malgré les changements politiques, la structure démographique de la région a toujours reposé sur une majorité de culture hellénique qui allait du sud des Balkans à l’extrémité grecque de la mer Noire jusqu’au littoral oriental de la Méditerranée et Alexandrie en Égypte. Le régime byzantin et ses peuples sont l’un des fondements de la formation de l’Europe centrale et orientale d’une part et des pays du Moyen-Orient d’autre part. La civilisation byzantine était la descendante des civilisations grecques, romaines et helléniques avec également un apport des civilisations orientales. C’était une civilisation urbaine, avec les villes les plus grandes et les plus riches de cette époque. Cette  vaste région était administrée  par un appareil d’Etat développé et efficace  dans lequel toutes les affaires de l’État étaient enregistrées.
L’empereur Justinien au VIe siècle a ordonné de rassembler et d’organiser toutes la législation de Rome. Ces lois sont devenues un des fondements de presque tout les états modernes *. Certains historiens considèrent que l’administration soviétique est basé sur celle de Byzance. Du point de vue économique, la valeur  de la monnaie byzantine est restée quasiment stable pendant quatre siècles (7ème/11ème). La quantité d’or et d’argent stockée en trésorerie  était sans pareille de  son temps. Son économie agricole reposait sur de grandes unités, les « domaines », selon le modèle romain. Mais la main-d’œuvre de ces unités, contrairement au sud de l’Italie, n’était pas composée d’esclaves. Les artisanats et  diverses professions  étaient largement développés dans les villes, mais c’est le commerce qui a permis cette place unique de l’économie byzantine. Les ports de la Méditerranée orientale et les villes non loin de la mer participaient à cette activité économique (y compris les riches commerçants iraniens sous les Seldjoukides et les Mongols qui avaient des bureaux dans la ville de Bursa).

En cette période contemporaine de pandémie, il est à noter que de 750 à 541 avant JC, pendant plus de deux siècles, la peste bubonique – une peste qui laisse des blessures apparentes– s’est propagée à travers le territoire byzantin. Elle était aussi appelée « la peste justinienne » car l’empereur en était atteint notamment au visage.

À cette époque, le régime byzantin était lié au sort du christianisme. En fait, Byzance se présentait comme représentant et partisan du christianisme. Après la chute de Rome, Byzance a tenté à plusieurs reprises d’expulser de la terre d’Italie les tribus  germaines. L’armée byzantine s’est également  rendue dans le sud de la France et l’est de l’Espagne pour réprimer  les sectes chrétiennes » apostats « . Les wisigoths  ont  abandonné l’Arianisme  et embrassé le christianisme version  byzantine. Byzance a éradiqué les autres sectes chrétiennes en Orient. C’est pourquoi  une  grande partie des chrétiens orientaux ont été séparés. * Une forte crise religieuse, l’iconoclasme marque de 730 à 843 cette période. Mais après un siècle de lutte interne au sein de l’église, ces interdictions ont été supprimées et les sites religieux ont retrouvé le culte des images en 843
De la Renaissance de la  fin du IXe siècle à l’échec  de 1204.
Byzance a perdu une partie importante de la Méditerranée orientale après l’invasion arabe. Mais « à une organisation militaire repliée et territorialisée succède le rétablissement d’une armée centrale, composée de professionnels ou s’intègrent de nombreux étrangers (Bulgares,  Russes, Arméniens et d’autres) ». Dans le même temps, nous assistons à la croissance de villes comme Thessalonique, Mira, Éphèse, Nicée, Bursa, Pergame, Sarde, Aphrodisie … et en général les villes du sud-ouest de l’Anatolie. Constantinople, en particulier, a prospéré dans sa première période au Xe siècle. La capitale byzantine comme les grandes villes musulmanes (Bagdad et le Caire), était le centre de la civilisation de ces premiers siècles  du début du deuxième millénaire. Au cours de cette période, l’urbanisation de la capitale s’est développée  comme le constate un chroniqueur  vénitien : en plus des églises et des monastères dans les  zones urbaines, des écoles et des centres d’enseignement de la philosophie et des sciences grecques ont redémarré. Il y avait aussi des hôpitaux et des hospices  pour les personnes âgées. La population de la ville est passée à plus de 400 000 habitants.
Au cours de cette période, il y a eu deux événements importants : Le premier c’et la défaite de l’armée byzantine contre les Seldjoukides aux portes de la capitale et la possibilité d’un effondrement de la capitale si Tamerlan n’attaquait pas l’Anatolie. Au final les Seldjoukides fonderont un État en Anatolie et ne prendront pas Constantinople. Le second a été le schisme entre Rome et  Constantinople en 1054 .

De la Renaissance de la fin du IXème siècle à l’échec de 1204.

Byzance perd une partie importante de la Méditerranée orientale après l’invasion arabe. Mais « à une organisation militaire repliée et territorialisée succède le rétablissement d’une armée centrale, composée de professionnels où s’intègrent de nombreux étrangers (Bulgares, Russes, Arméniens et d’autres) ». Dans le même temps, nous assistons à la croissance de villes comme Thessalonique, Mira, Éphèse, Nicée, Bursa, Pergame, Sarde, Aphrodisie … en général les villes du sud-ouest de l’Anatolie. Constantinople, en particulier, va prospérer dans la première moitié du Xème siècle. La capitale byzantine comme des grandes villes musulmanes (Bagdad et le Caire), formaient les foyers de la civilisation de ces premiers siècles  du deuxième millénaire. Au cours de cette période, l’urbanisation de la capitale s’est développée  comme le constate un chroniqueur  vénitien. En plus des églises et des monastères dans les  zones urbaines, des écoles et des centres d’enseignement de la philosophie et des sciences grecques ont redémarré. Il y avait aussi des hôpitaux et des hospices  pour les personnes âgées. La population de la ville est passée à plus de 400 000 habitants.

Au cours de cette période, il y a eu deux événements importants : la défaite de l’armée byzantine contre les Seldjoukides aux portes de la capitale et la possibilité d’un effondrement de la capitale si Tamerlan n’attaquait pas l’Anatolie. Cependant, les Seldjoukides ont fondé un État plus à l’Est en Anatolie et Constantinople a été épargnée. Le deuxième événement a été le schisme religieux entre Rome et  Constantinople survenu en 1054.
La quatrième croisade, précédée en 1182 par le massacre des latins de Constantinople et de Thessalonique, a entraîné en 1204 la prise de Constantinople par les croisés et le partage des restes de l’Empire.
Les croisés ont pu arrêter l’avance des tribus turques pendant un certain temps et même les repousser, mais la faiblesse de l’Empire byzantin, associée au déclenchement de la peste noire, a ouvert la voie à la conquête anatolienne permanente des tribus turques. Un autre facteur accélérant ce processus a été la migration massive de l’élite arménienne d’Anatolie vers la capitale, qui a affaibli ces zones face aux envahisseurs d’Asie centrale. Au cours des périodes suivantes, avec la migration des Turcs, et en particulier des Turkmènes, les premiers vagues des arméniens de ces régions ont été contraints de partir. Cependant, après la fin des invasions de Tamerlan  et de Mongol, les Turcs d’Anatolie ont pris le pouvoir. Le sultan Bayezid a mis le pied en Europe par la mer Noire et attaqué Constantinople par la voie terrestre.  Les murs défensifs de la ville, qui restaient infranchissables depuis des siècles, ont retenu encore une fois le djihadiste ottoman qui rêvait de conquérir la capitale du christianisme et ses vastes richesses. Ce n’est qu’en 1452 que l’armée ottomane entrera à Constantinople et l’empire byzantin s’effondrera après un règne de 1100 ans.
Les élites vont émigrer en Occident, en particulier à Florence, et vont participer à l’émergence de la Renaissance européenne. Par ailleurs, l’Empire ottoman hérita de la culture byzantine et de l’administration de l’Etat. Byzance était  un condensé des civilisations de son temps. La culture hellénique était la pierre angulaire de l’Empire byzantin, mais l’hellénisme lui-même était un mélange de culture grecque, de civilisation perse  et des acquis  de la civilisation égyptienne. Cet ensemble culturel auquel s’ajoutaient le droit romain et les connaissances techniques de Rome ont permis la création d’une civilisation brillante qui a sans aucun doute eu un impact sur la civilisation humaine et a notamment influencé les pays voisins.

Selon un axe Sud-Nord: la propagation du christianisme en Russie, en Europe de l’Est et en Europe centrale est le résultat de l’influence byzantine dans ces régions. Leur christianisation entreprise par Cyrille et Méthode (les  inventeurs de l’alphabet  cyrillique) fait entrer ces régions dans la communauté chrétienne balkanique.  Ces deux frères  étaient d’origine grecque et nourris par la culture byzantine.
Un regard sur les dômes de Kiev, de Moscou et d’autres villes d’Europe orientale illustre l’influence de l’architecture  de Byzance. Après la chute de Constantinople, l’empereur russe Ivan III, qui avait épousé la fille de l’empereur byzantin, se considérait comme un successeur byzantin et défenseur du christianisme. Ce phénomène a marqué la culture politique de la Russie jusqu’à aujourd’hui. Les liens religieux, linguistiques sont à la base de la culture d’Europe de l’Est qui veut aujourd’hui être acceptée par les autres nations européennes. La Russie s’est également éloignée de sa position historique, reconnaissant la place de la culture de ces nations

Par ses racines helléniques, Byzance était l’héritier du système bureaucratique et administratif des achéménides, et avait non seulement l’expérience de l’administration de l’empire mais aussi des coutumes de la monarchie perse et l’a transféré en Europe. Les califes omeyyades et abbassides ont construit leur empire sur la base des systèmes politique et administratif perse et byzantin. Tout comme l’organisation bureaucratique byzantine avait une structure solide qui permettait aux tribus d’Asie centrale d’avoir une civilisation brillante avec des caractéristiques traditionnelles et religieuses propres à ces tributs. .

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-* le réforme de Charlemagne et la Renaissance de Byzance ainsi que la construction de « madrasas » à Bagdad et aux villes de Khorassan (Boukhara ou Samarkand et Nichapour… ) témoignent d’une influence mutuelle entre les cultures. Ce phénomène s’est souvent répété dans l’Histoire des civilisations et mérite d’être souligné.

**Le rôle de protecteur des peuples chrétiens était un élément de la politique de Pierre le grande pour conquérir les pays du sud de la Russie comme l’Arménie et la Géorgie. La Russie était bien décidée de même à « libérer » Constantinople si elle gagnait la guerre de Crimée. C’est l’intervention de l’Angleterre et la France qui va empêcher la réalisation de ce projet.

Ce rôle de «sauveur» transformé en «château fort rouge de la Révolution » à l’époque soviétique et aujourd’hui ressort de la bouche de Poutine.

Tout cela n’empêche pas l’égocentrisme de l’Europe occidentale qui nie la place de l’autre moitié de l’Europe et de la Russie. D’où l’importance de l’Empire Byzantin !

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Références :