RÂH

Les nuages, le vent, le brouillard, le soleil et le ciel sont au travail

           pour que vous ayez du pain sur la terre et ne le négligez pas. « Saadi, poète de 13eme siècle »

La géographie est le phénomène fondamental dans la formation des sociétés humaines. En effet, l’Histoire s’inscrit dans un territoire. Analyser la position naturelle d’un espace est la clé pour comprendre comment la vie sociale y est apparue (installation ou migration) et son type de moyens de subsistance (agriculture ou élevage), notamment. La géographie influence même la structure sociale et les rapports sociaux. Bref, le destin humain se déroule sur cette terre et la géographie est le théâtre de l’Histoire.

Les montagnes de l’Hindou Kusch, qui séparent le plateau iranien de la vallée de l’Indus sont la source de l’approvisionnement en eau de l’Afghanistan. Elles sont la source de la rivière Helmand qui se jette dans le lac Hamoun près de Zabol.(lac sacré de la religion  Zoroastrienne).

Mémoire du sol

Notre terre a sculpté des événements naturels au cœur de ses montagnes, vallées, plaines et déserts. Le changement climatique à différentes époques a répandu la mer et les lacs qui l’entourent et dans ses montagnes des forêts se sont développées. Puis leur disparition a transformé une grande partie de cette terre en déserts et en marais salants, et dans ses contreforts il y a peu de terres propices à l’agriculture.

Pour découvrir et comprendre ce qui est arrivé à cette terre et à ses habitants, la question initiale est de savoir où est situé notre Iran et quelle est sa position dans son espace régional et par rapport à ses voisins?

Le plateau iranien ou plateau aryen (dans le dialecte afghan) est une région située entre l’Asie centrale et le Moyen-Orient. Ce plateau est situé à proximité de la connexion africaine à la « plaque Eurasie » *. Dans la quatrième période géologique, le plateau de la péninsule Arabique s’est séparé de l’Afrique et est entré en collision avec le plateau Eurasie. L’intensité de cette collision a provoqué l’émergence des monts Zagros. D’autre part, la collision entre  le péninsule Indienne et l’Asie a formé les chaînes de montagnes de l’Asie du Sud, y compris l’Elbourz.
L’Elbourz au nord, les chaînes du Zagros ** à l’ouest et au sud,  les montages de  hendokoche et la vallée  de l’Indus   à l’est bordent le plateau iranien. Ce plateau couvre plus des deux tiers de l’Iran actuel, une grande partie de l’Afghanistan, l’ouest du Pakistan et une partie du sud du Turkménistan. Les villes de Tabriz, Shiraz, Quetta et Rawalpindi sont situées aux quatre coins de ce plateau.

Du point de vue de la topographie

Bien que nous parlions du plateau de l’Iran,  la terre de ce plateau n’est pas plate et plusieurs chaînes de montagnes sont éparpillées ici et là, y compris dans l’est du Khorasan et au bord du désert de Lut (si  nous relions les trois les villes » d’Iranshahr, de Qom et de Sabzevar, nous aurons un triangle d’une superficie de plus de 300000 kilomètres carrés qui comprendra deux immenses déserts, la plaine de Kavir au nord et le désert de Lut au sud. ).

Les deux chaînes de montagnes de Zagros et de l’Erbourz ont de multiples fonctions. D’une part elles fournissent des ressources en eau et d’autre part, ses mines ont fourni les matières premières de l’artisanat  aux habitants de ces régions depuis la préhistoire. De plus, ces deux chaînes  entourent le plateau iranien comme une muraille.

Les ressources en eau peuvent également être divisées en deux catégories : les rivières qui coulent à l’intérieur du plateau iranien et disparaissent souvent dans les terres arides du plateau iranien, à l’exception du bassin versant du lac Urmia et Bakhtagan. Contrairement à de nombreux pays asiatiques qui ont des rivières permanentes et riches en eau, le plateau iranien est privé de grands fleuves. Ceci est le résultat direct de conditions sèches et défavorables du climat de l’Iran. Le Tigre et l’Euphrate dans le Croissant Vert, l’Amou Daria, l’Oxus et le Syr Darya  au nord et le fleuve Indus au sud-est sont des exemples de fleuves riches en eau près du plateau iranien.

Zard Kooh situé à Chahar Mahal Bakhtiari, la source d’eau en Iran

Sur les versants  extérieurs des chaînes de Zagros et de l’Elbourz, coulent de grandes et petites rivières qui mènent au golfe Persique et à la mer Caspienne. Ces cours d’eau traversent les terres agricoles les plus fertiles d’Iran. Les quatre principaux fleuves d’Iran proviennent du Zagros moyen. Ils irriguent la plaine fertile du Khuzestân et se déversent dans le golfe Persique. Dans la partie nord de l’Elbourz, des dizaines de rivières le long de la mer Caspienne en ont fait la région la plus riche en eau d’Iran. Les rivières iraniennes ne sont pas navigables  à l’exception de Karun. L’Iran a donc été privé de voies navigables intérieures qui ont joué un rôle de communication efficace et à faible coût dans la création des civilisations.

Eau

Tableau des principaux fleuves d’Iran

Grands fleuves Longueur de la source du fleuve en kilomètres Localisation du bassin versant du barrage Capacité (millions de mètres cubes) Date de fin de construction du barrage.

Le manque d’eau sur le plateau iranien a réduit la fertilité des sols et explique la faible densité globale de la population. Cette population dispersée dans des unités rurales avec peu d’eau et sur des terres à faible rendement, ne s’est engagée dans la production qu’avec persévérance et travail acharné. A noter que malgré ces contraintes, ces populations ont respecté strictement leurs frontières et leur environnement. Historiquement, elles n’ont que rarement migré. Même lors des transhumances des troupeaux, elles se sont rarement  éloignées de leur  terre natale. Un lien fort avec la terre, une dépendance vis-à-vis de ses dirigeants ont rendu ces gens pacifiques et soumis au pouvoir.

L’agriculture avec des ressources en eau limitées les a conduits à utiliser des Quanat, longs aqueducs souterrains  ***,  qui faisaient parfois des dizaines de kilomètres de long. Comme ces infrastructures avaient toujours besoin d’être réparés et entretenus, une vaste  structure sociale a vu le jour pour gérer ces ressources en eau et assurer leur distribution. Le rôle du Mirab (responsable de la distribution) et des représentants du gouvernement dans ce pays est une caractéristique de la structure des communautés sur le plateau iranien. Contrairement aux civilisations de la Mésopotamie et de la vallée de l’Indus ou des rives orientales de la Méditerranée, où des cités -États indépendantes ont émergé, une  structure de ce type ne pouvait pas fonctionner sur le plateau iranien. Dans les cités-états, l’artisanat  et le commerce ont joué un rôle fondamental dans la création des relations sociales et des communications interurbaines. Les anciennes villes d’Iran avaient davantage une fonction administrative et militaire, et leur rôle était davantage d’administrer les territoires sous leur domination.

Partie II: La première «mondialisation»

Le plateau iranien et  les régions voisines du point de vue de la géographie physique                                                                                                                                             Terres arables du plateau iranien  

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Sous-titre

« Eurasie  » comprend l’Asie et l’ Europe, mais la « steppe d’Eurasie  » commence par la  Moldavie au nord-est de la mer Noire et comprend l’Ukraine, le Kazakhstan, l’Asie centrale du Nord, le Turkestan, la Chine, la Mongolie et la Mandchourie.

Zagros ** Les monts Zagros sont le résultat d’une activité tectonique, c’est-à-dire la collision de deux plaques tectoniques d’Eurasie et d’Arabie saoudite. Ce pliage ne s’est pas arrêté et la transformation de la terre dans l’ouest de l’Iran et la région des Zagros se poursuit. De nombreux plis et la présence d’abondants dômes de sel ont transformé les Zagros en une région riche en pétrole.

** * Dans les villes sumériennes, une sorte de pierre noire était importée de Kerman ainsi que des produits de la vallée de l’Indus et d’autres régions de l’Inde. Réciproquement, des produits des civilisations mésopotamiennes ont été trouvés à Jiroft et Shahr Sokhteh.

* 4  Susa et Balkh ont été à certaines époques  des cités –état. Il y a également la possibilité de l’existence ce genre de structure  dans la civilisation de Jiroft.

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les références: