Athènes, « Le siècle des Lumières dans le passé de la Grèce »
Athènes est un moment important sur le chemin de la civilisation humaine. C’est pourtant une courte parenthèse de moins de deux siècles et dans un espace équivalent à moins de deux départements français moyens aujourd’hui. Trois mille ans après les grandes et prospères civilisations du Moyen-Orient, notamment en Mésopotamie et en Égypte, et avant les conquêtes d’Alexandre de Macédoine, Athènes est une expérience brève mais unique.
L’élément de cohésion des sociétés des civilisations du Moyen-Orient était la « peur aveugle ». La peur des forces inconnues de la Nature s’est manifestée sous la forme d’une pure « obéissance » au souverain (Pharaon ou roi des rois) qui représentait la puissance divine. À Athènes, c’est la solidarité des citoyens libres qui a assuré la cohésion de la société. C’est une merveilleuse expérience pour l’humanité: courte, fragile et limitée à un groupe spécifique et à une petite échelle. Vivre librement, sans crainte du souverain, a été une expérience unique dans l’histoire.
Démocratie athénienne:
« Ce qui nous relie à la Grèce, c’est notre connaissance, notre logique et notre fierté de penser! »
Athènes n’a pas « inventé » la démocratie, mais cette forme de gouvernance a été établie dans un processus de conflits sociaux * à la suite du changement dans l’équilibre des pouvoirs à Athènes. Avant Athènes, dans la partie la Grèce d’Asie , il y avait une ambiance relativement libre qui donnât lieu à un développement scientifique important. Les élites scientifiques et sociales y ont écrit des traités et des livres. Cette culture écrite a joué un rôle important dans le transfert de l’expérience de ses prédécesseurs à Athènes. Sur la base de ces réalisations, le système politique de la société a évolué : les groupes sociaux ont créé des courants de pensée et leurs représentants ont établi un contrat social qui permettait de régler les conflits dans un cadre relativement paisible par la discussion et le vote. Les citoyens ont élu des cadres exécutifs, militaires, judiciaires et même religieux à l’assemblée générale de la ville pour une durée déterminée. Les tâches exécutives étaient décidées et mises en œuvre dans des conseils qui comptaient cinquante membres et étaient appelés «Bullet». La participation directe des citoyens à la prise de décision et à la surveillance des affaires de la ville a accru l’attachement de ces hommes libres * à la destinée et à la défense de l’indépendance de la patrie avec l’émergence du citoyen soldat. Cette vision de la relation entre l’individu et la société était sans précédent dans l’histoire de l’humanité.
Les civilisations antérieures du Moyen-Orient en Egypte comme sous l’Empire Perse, la cohésion sociale et la stabilité du pouvoir politique reposaient sur la peur « aveugle »des forces inconnue de la nature. Cela se traduisait par l’obéissance à la personne de Pharaon ou du Roi des rois. Le peuple égyptien n’était que le sujet de Pharaon, et en Mésopotamie et sur le plateau iranien, la relation entre le souverain et les sujets était basée sur le même principe. Alors que les citoyens d’Athènes étaient attachés à tous les piliers du pouvoir qu’ils avaient élu en tout liberté. Cette liberté a influencé leur pensée philosophique et leurs arts et a favorisé la croissance et le développement des sciences. Les diverses écoles philosophiques qui ont été créées intervenaient dans l’éducation publique.
Des compétitions sportives étaient organisées pour renforcer l’esprit civique et notamment les Jeux olympiques. Ce contexte très particulier a créé de l’enthousiasme dans les cités-états de la Grèce continentale. Les représentations théâtrales ont attiré un grand nombre de personnes dans les amphithéâtres. Les poètes athéniens assistaient à la plupart des rassemblements sociaux, récitant des poèmes épiques dans le but de consolider la cohésion sociale.
Ces programmes étaient même exécutés parallèlement à des rites religieux.Étant donné que tous les responsables religieux étaient élus par les citoyens pour un temps limité, cela ne générait pas de revenus pour le clergé temporaire. Les dieux grecs bien que dominant la vie des gens, n’avaient pas de pouvoir absolu et leur rôle était consultatif. Si nous voulions résumer les réalisations de la période florissante d’Athènes, il faudrait mentionner l’émergence du libéralisme civique, l’expansion de diverses écoles philosophiques (en particulier l’école de l’idéalisme) et la création du théâtre tragique * 2 *.
Caractéristiques de la démocratie athénienne :
La démocratie dans les cités-états de Grèce s’est formée à une époque où les puissants empires de l’Antiquité dans la région avaient disparu et un espace avait été créé pour la croissance de petites communautés avec des systèmes différents. Le nombre de citoyens dans cette cité-état était d’un peu plus de dix pour cent * de la population totale. Ces citoyens, grâce aux travaux forcés des esclaves, passaient leur temps à étudier les sciences, la philosophie ou la littérature. Ils étaient également de leur devoir d’apprendre les techniques militaires, car les non-citoyens n’avaient pas le droit de participer à la guerre et de défendre la patrie. Les citoyens étaient peu nombreux devant l’armée de l’Empire perse et pour augmenter le nombre de citoyens athéniens à plusieurs reprises, les lois ont été rectifiées permettant par exemple aux esclaves faisant partie de la marine athénienne, d’être promus civils afin de pouvoir participer à la guerre, ou bien facilitant l’acceptation des étrangers comme citoyens. Les lois exemptant les contribuables de la citoyenneté ont également été abrogées.
La comparaison entre la démocratie contemporaine et celle de la période athénienne à bien des égards n’est pas possible. La démocratie athénienne était une démocratie directe avec prise de décision par le peuple et contrôle des exécutifs par des instances populaires. De plus, ce système de démocratie directe correspond à de « petites » communautés : on avance le nombre de 50000 citoyens.
Par ailleurs, la démocratie athénienne s’est construite grâce au temps libéré des citoyens par l’exploitation des esclaves, ce qui n’est heureusement pas le cas aujourd’hui.
En période de guerre avec les Perses, la continuité de la démocratie à Athènes était assurée par l’afflux de richesses coloniales. (A cet égard, c’est un point commun entre les démocraties occidentales et Athènes!) A * 4 *
Mais la même politique impérialiste a fait tomber Athènes. Ni Athènes, ni aucune des cités-états grecques n’ont pu réaliser le rêve d’unification. Cette tâche historique a été confiée à Alexandre de Macédoine
******************* Description de la photo 3 ; »Forum » un lieu de conversation entre citoyens.
* Athènes a abandonné la monarchie au VIIIe siècle avant JC et trois aristocrates ont été nommés pour gouverner la société. En 624 et 594, il y eût des luttes acharnées afin de reformer les lois. Cette période a abouti par l’instauration de la Tyrannie en 561 contre les aristocrates. Cela a conduit au règne de Périclès, considéré comme l’étape la plus mature de la démocratie athénienne.
* 2 * « perses » est le nom de la première Pièce tragique de l’Histoire écrit par Achille et joué à l’Acropole – illustrée ci-dessus. Les deux personnages principaux sont l’empereur et sa mère, Athos. L’histoire raconte la victoire des Athéniens à la bataille de Salamine.
* 3 * Les femmes, les esclaves et les étrangers n’ont pas droit à la citoyenneté. A Athènes le statut de la femme, était inférieur à celui des civilisations sumériennes et de la Grèce d’Asie .
Les hommes libres rejoignaient également les rangs des esclaves s’ils ne payaient pas d’impôts.
* 4 * L’humanité n’a jamais eu l’expérience d’une démocratie basée sur la richesse interne de la société. Autrement dit la démocratie a toujours eu besoin du colonialisme ! Mais l’inverse n’est pas vrai ; tous les pays impérialistes n’ont pas nécessairement accès à la démocratie.
Photo 4. Amphithéâtre grec et théâtre Saint, qui s’appelait un concert
La place de la philosophie à Athènes
La philosophie à Athènes n’était pas seulement une façon d’expliquer le monde. C’était aussi un mode de vie particulier pour les adeptes de cette école philosophique.
Parmi les penseurs et philosophes athéniens, Socrate, Platon et Aristote ont une place spéciale: Socrate n’a jamais écrit ses enseignements. Ses idées ont été principalement racontées par ses disciples, en particulier Xénophon et Platon.
La photo ci-dessous montre Platon entrant dans l’académie, son doigt pointé vers le ciel !
Mais peut-être plus que tout autre philosophe, Platon exprime l’esprit d’Athènes : il est le philosophe idéaliste
le plus éminent de l’Antiquité. Il s’est éloigné de la philosophie naturaliste et empirique de l’Asie grecque, liant les origines de la création à des phénomènes naturels tels que l’eau, les éthers, le feu et les atomes à des catégories immatérielles. On dit que sur la porte de sa classe, Platon a écrit : « ceux qui ne connaissent pas la géométrie, ne doivent pas entrer ». Mais il a été dit que ce qui intéressait Platon à propos de la géométrie, c’est le principe de « l’abstraction», qui est largement utilisé en géométrie et non la géométrie elle-même. À cet égard, certains chercheurs accusent Platon de piétiner les efforts des philosophes présocratiques. Les disciples de la philosophie de l’école de la Grèce d’Asie tentaient de démystifier le concept du monde en cherchant son origine à l’intérieur de la nature. Platon désignait les éléments métaphysiques comme étant à l’ origine du monde. Ce n’est pas un hasard si la philosophie néo platonicienne a été si souvent utilisée par les religions, en particulier le christianisme et l’islam.
Bien qu’Aristote ait été l’élève le plus prestigieux de Platon, il n’a jamais été autorisé à s’asseoir sur la chaise du Maître, car sa philosophie était en effet une continuation de la philosophie des naturalistes. L’école expérimentale d’Aristote et la connexion de sa philosophie avec les sciences naturelles et expérimentales l’éloignent de l’école de Platon. L’hostilité de l’Église envers Aristote tout au long du Moyen Âge a son origine dans cet aspect de sa pensée.
Mais dans le domaine de la pensée sociale tous les deux étaient bien en phase avec les idées de base des cités grecques : une gouvernance juste était celle qui assignait les gens selon leur statut « naturel », l’esclave » à sa place et le citoyen à la sienne.